Dr Greene et Dr Ross: Le remake!

Il est 16h. Il fait toujours aussi chaud et je transpire toujours autant. Les patients sont "cadrés" et tout roule dans le service. Les entrées sont arrivées. Il ne reste plus qu'à surveiller les opérés du jour. Tout allait bien pourtant...

Mais comme d'habitude, quand ça va trop bien....ça dégénère aussi trop vite!

Une patiente remonte de la salle de réveil. Elle vomit tripes et boyaux dans son lit et par terre. Le brancardier me la dépose dans sa chambre et file avec un air de "démerdes-toi". Je récupère le dossier médical et regarde les prescriptions. Page blanche. Rien. Le néant.

Les efforts de vomissements réactive la douleur. Les efforts de vomissements réactives les saignements. La patiente va de moins en moins bien.
Ni une, ni deux, je saute sur mon téléphone et j'appelle l'anesthésiste:

"Bonjour, vous êtes sur la messagerie du Dr Ross, je ne suis plus accessible..."

Ok! Dan commence à s'énerver et maudit l'anesthésiste de tous les noms d'oiseaux qui lui passent par la tête. Je téléphone donc, en toute logique, au chirurgien:

"Bonjour, vous êtes sur la messagerie du Dr Greene, je ne suis plus accessible..."

Ok! Les noms d'oiseaux se transforment en grossièretés. J'arrache littéralement le téléphone des mains de ma collègue et je l'appelle directement sur son portable.
Il s'avère que Mr le Docteur est parti de l'hôpital. Il avait soit disant un impératif et devait quitter illico l'établissement après l'intervention de ma patiente. Il me dit qu'il est à son cabinet et que je dois faire à ma patiente une multitude de médicaments aussi variés que complexes.

Ola, ola... on se calme! Aguerrit d'une très mauvaise expérience récente, je lui demande de venir me faire une prescription écrite, sans quoi, je ne ferais pas les soins. Sa réaction ne se fait pas attendre, il s'énerve aussitôt. Il monte le ton comme pour m'impressionner. Je l'écoute attentivement  et une fois qu'il a terminé, je monte le ton plus fort que lui encore. Ça passe ou ça casse.

Soit il va me pourrir la vie... soit il me comprendra. Je lui explique que lorsqu'on opère quelqu'un... on assure le service après vente! On fait les prescriptions et on se donne la peine de voir ses patients. C'est pour moi le minimum syndical...

Je lui demande donc de me faxer les prescriptions que je joindrais au dossier du patient, puisqu'il se trouve à son cabinet. Il refuse. J'insiste. Je suis têtu et même très têtu quand il le faut! Et là, l'impensable se produit...

J'entends un bruit dans le combiné du téléphone. Un "splassshhh" qui me met de suite la puce à l'oreille.
- Vous êtes à votre cabinet Mr Green, vous êtes sûr?"
- Euh.... oui.... euh... pourquoi me demandez vous ça encore une fois?
- Non parce que les "splaaaaash" derrière vous me font plutôt penser à une piscine.
- Oui, bon! Je suis à la piscine avec mes gosses, je ne peux pas revenir et je ne peux pas faire les prescriptions et je ne peux pas vous les faxer puisque je ne suis pas à mon cabinet...
- Ah, c'est gênant...
- ...
- Bon allez, je vais m'occuper de votre patiente et faire ce que vous m'avez dit de faire mais demain à la première heure, vous serez là pour tout contre-signer sinon basta, je ne le referais plus.... ça marche?
- Ça marche. Me dit-il avec une voix d'un gamin qu'on viendrait de prendre avec la main dans le pot de confiture....

Le lendemain il était là à la première heure. Il a tout signé sans rechigner. Il a quand même eu un mot pour moi tout de même:

- J'apprécie votre franchise Dan. Vous avez du caractère et du culot. C'est ce qu'il faut pour aller loin!
- Je vous remercie d'être venu ce matin Dr Greene, la patiente va mieux, c'est l'essentiel...