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Baricco kitsch et toc

Publié le 12 août 2008 par Jlk

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FESTIVAL DE LOCARNO Le premier film du célèbre écrivain italien, Lezione 21, a soumis la Piazza Grande à un cours pseudo-fellinien d’une cuistrerie rare…

Annoncé en grande pompe, et réunissant les noms très « vendeurs » de Beethoven, d’Alessandro Baricco et de John Hurt, le premier film de l’auteur de Soie, Novecento : pianiste ou Océan mer, pour ne citer que les titres les plus fameux de ce best-seller international, était évidemment très attendu. Que ce contempteur affirmé des Barbares (titre du recueil de ses chroniques dans La Repubblica), rompu eux techniques variées de la narration (il a fondé un célèbre atelier d’écriture à Turin) et doté d’une solide formation musicale, revisite la Neuvième Symphonie de Beethoven par le truchement d’un musicologue anglais excentrique, avait de quoi stimuler toutes les curiosités. Allait-on revivre le double bonheur musical et cinématographique de La flûte enchantée de Bergman ou, un degré en dessous, de l’Amadeus de Forman ? Hélas, cette Lezione 21 saisit au contraire par sa lourdeur didactique et, bien pire du point de vue du cinéma, par son indigence pseudo-baroque et la pseudo-modernité de son propos, convoquant les pires poncifs pseudo-poétiques, genre sous-Fellini délayé dans la pottermania.

L’argument de cette Lezione 21, dévelopant les thèses d’un certain professeur Mondrian Killroy (John Hurt), et fondant la « déconstruction » de la Neuvième Symphonie au regard des dernière années de Beethoven, revient à présenter l’œuvre comme une vengeance, une performance à base de ressentiment, un dernier «coup» assené par le compositeur aux abois confronté à l’incompréhension des autres et à son propre « vide », à la surdité et à la vieillesse. Nulle vraie beauté dans la Neuvième, au dire de l’extravagant Killroy, pour qui la fameuse Ode à la joie ne reflète aucune allégresse vécue (!) mais le seul « rêve de joie » d’un vieillard qui aurait perdu toute légèreté en ses dernières années.

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Si la thèse se discute évidemment, qui entend démystifier une œuvre devenue «culte» - avec son chœur ressassé jusqu’au la nausée pour symboliser la fraternité voire l’urgence de « positiver » les jours de mauvais temps… -, sa modulation dément en revanche toute originalité et toute réelle invention formelle du point de vue de l’écriture cinématographique. D’un cliché à l’autre, l’on se dit, avec accablement, que bientôt Baricco va nous planter un voilier dans la forêt enneigée pour symboliser l’envol de la symphonie sous le souffle du génie créateur, et crac : voici le voilier du kitsch surgir dans la forêt supertoc…

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Dès la première image de Lezione 21, on patine à la surface d’un cliché romantique, qui va se pailleter et se démultiplier en trouvailles d’une rare trivialité, feux d’artifice compris, tandis que les élèves du professeur s’encanaillent avec la même démagogie, entre bowling et bordel. Rien ne sera trop accrocheur dans ce récit aux images constamment flatteuses, juste ponctuées de citations de la Neuvième pour relancer la machine tournant à vide. Tout cela manquant absolument de cœur. Et quant à la joie, on n’en rêve même pas…  


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