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Concours et baccalauréat

Publié le 05 juillet 2007 par Mirabelle

Mon cher Victor,Concours et baccalauréat
Lundi, je suis passée près d'un lycée de ma petite ville. C'était l'effervescence totale. Des cris. Des rires. Des larmes. De l'hystérie, de la tristesse, du bonheur... Et pourquoi cette effervescence ? C'était les résultats du baccalauréat, pardi ! Ah, c'est donc ça...

Tout ça m'a ramenée cinq ans en arrière. Déjà cinq ans... Ca fiche un coup, quand on le réalise.
Pourtant, cela me paraît loin. Et un peu... Neutre. Neutre ? Oui. Je ne me souviens pas de cette explosion de joie qu'on nous décrit tous les ans dans les médias. Je n'ai pas sauté de joie. Ah oui ? J'avais été voir les résultats avec ma mère et une amie à moi, qui allait au rattrapage. Elle était en larmes. J'ai préféré de ne pas triompher. C'était délicat de ta part...

Je me souviens juste avoir dû me faufiler entre les lycéens pour parvenir jusqu'à la liste. J'ai cherché mon jury. Fini par trouver mon nom. Mention Bien. Je ne m'y attendais pas. Et pourtant, je n'ai pas été folle de joie, même intérieurement. Tu aurais pu, pourtant ! Je savais que j'aurais le bac. Cela fait sans doute très prétentieux de dire ça mais c'est la vérité. J'avais bien senti les épreuves, celle de philosophie et toutes celles de langues, qui sont et restent ma spécialité. J'avais eu de bonnes notes aux épreuves de français en Première, et une note correcte en mathématiques, ce qui n'est pas rien pour moi ! Oui, j'avais cru comprendre que tu n'as pas la bosse des maths ! C'est le moins qu'on puisse dire...
Quand nous sommes rentrées chez moi, ma mère courait dans notre rue en hurlant que j'avais eu une mention. Elle était plus heureuse que toi, en somme ! J'en ai bien l'impression. Ca m'a d'ailleurs fait rire, lundi midi, quand à la radio, j'ai entendu un journaliste dire que lors des résultats "les parents étaient souvent bien plus émus que leurs enfants". Cependant, quand j'ai franchi le seuil de la maison et que j'ai dit à mon père "Bon, ben voilà, j'ai le bac", celui-ci a eu simplement un petit sourire et m'a gratifiée d'un "c'est bien". Ce fut tout.
Quand ma petite soeur passa le bac à son tour, il pleura carrément et manqua de faire une crise cardiaque sous le coup de l'émotion. Ah ? C'est curieux, tout de même, ce revirement... J'avoue en ressentir une petite pointe de jalousie, comme si on m'avait enlevé quelque chose (et tant pis pour ceux qui me traitent de "fille à papa"). Ma mère justifia ainsi cette métamorphose : " Tu sais bien que cela a toujours été plus difficile pour ta soeur que pour toi. Elle a été au rattrapage et ton père avait très peur qu'elle le rate. Alors que toi... Toi... Pfff... Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Mirabelle ? Pour toi, avoir le bac, c'était normal... Une simple formalité.". C'est peut être pour ça, aussi, que tu n'as pas été folle de joie pour toi-même... Tu étais sûre de toi, n'est-ce pas ? Assez oui. Bon. Eh bien alors, c'est normal. Tu étais confiante. Et tu n'as pas été surprise.
Plus j'y réfléchis, et plus je me dis que ce vertige, la sensation d'être au bord d'un précipe que beaucoup de lycéens ressentent devant les résultats du bac, je l'ai ressenti pour le concours. Vraiment. Cela fait un an que je l'ai obtenu comme tu le sais. Et pourtant, à chaque fois que je pense à l'instant où j'ai vu mon nom sur internet, je suis profondément émue. Hihihi ! Quoi qu'on en dise, les résultats d'un concours sont incertains. On ne peut jamais être totalement confiant. Parce qu'on a un autre adversaire que soi-même et qu'il s'agit d'être meilleur que les autres. Comme si j'y étais encore. Je me revois haletante. Je ne pouvais plus respirer. Je tremblais de tous mes membres. Je hurlais et je sautais partout dans la baraque. Et ma mère qui me disait de me calmer. Qui, entre deux sanglots, assurait qu'elle allait me claquer si je ne me reprenais pas... Je me revois en train de pleurer aux entraînements aux 1500 m, en disant à mon père que je n'y arriverais jamais. Je me revois complètement découragée devant mes concours blancs de mathématiques. Et je suis vraiment fière de moi-même. De l'avoir obtenu. En ayant travaillé dur, en ne m'étant pas démotivée.
Alors si je me dis souvent que j'ai "raté" quelque chose le jour des résultats du bac (entre guillemets, évidemment, car je suis tout à fait satisfaite de ma performance lors de l'examen), même si je suis un peu déçue de ne pas avoir explosé de joie, je me dis que je me suis rattapée, quelques années plus tard, avec le concours...


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