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Sandrine Rousseau et d’autres crachent sur la France du rugby : bête et logique

Publié le 10 septembre 2023 par Observatoiredumensonge

La cérémonie d’ouverture relatée par Clémence de Longraye a réussi ce tour de force d’échapper aux délires wokistes et de saisir finement la France du rugby, celle du village, du pain, du vélo, magnifiquement incarnée par Jean Dujardin. (Pour ceux qui douteraient encore de la justesse de la vision, lisez les témoignages de Pierre Gardeil, fils de boulanger pour qui, comme tout jeune de la région d’Agen des années 50, le dimanche était sacré, avec messe le matin et match du SUA l’après-midi au stade Armandie, qu’on allait voir « à bicyclette ».) Alors, oui, une France pas très abaya ni start-up nation.

Et elle a donc aussi laissé plus qu’entrevoir les ruptures françaises qu’elle tentait de colmater, comme toute cérémonie de ce genre. D’abord avec un président de la République copieusement sifflé. Ensuite avec ces réactions indignées de certaines personnalités de gauche, dégoûtées par cette France rance, pétainiste, zemmourienne, raciste, celle du village et des années 50. Évidemment, Sandrine Rousseau s’est encore fait remarquer sur X (ex-Twitter) :

J'ai honte.
Notre France ce n'est pas une série de clichés empilés. #stadedefrance

— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) September 8, 2023

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“On est vraiment en France.” “C’est un village gaulois avec évidemment de la charcuterie.” “Les années 50, c’est cette image d’Épinal, celle que le monde entier connaît de nous.”
Euh… C’est Éric Zemmour qui a conçu la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby ? pic.twitter.com/NaDl71MTn7

— Samuel Gontier (@SamGontier) September 8, 2023

À ce sujet — Le rugby, c’est l’amour de la France et le rejet de Macron !

Et même un certain Pierre Charbonnier, normalien, philosophe et professeur à Sciences Po, y est allé de son aigreur en parlant de « racisme subliminal », dans un tweet depuis effacé… Hasard : le même ne voit qu’une « psychose vestimentaire » dans l’interdiction de l’abaya par le ministre Attal. Et là, le tweet n’est pas effacé…

On relèvera tout de même la bêtise et l’inculture de ces réactions, incapables de percevoir ne serait-ce que la nostalgie assumée, le jeu de références (Pagnol, Belmondo, etc.) et le second degré évident de ce village rugby porté par Jean Dujardin, dont la marque de fabrique est justement le second degré. Un art bien français de la citation souriante qui a totalement échappé à nos prestigieux universitaires…

Pour apprécier cette cérémonie d’ouverture, il suffisait pourtant d’avoir un peu vécu dans une ville moyenne du Sud-Ouest (Agen, Béziers, etc.), cette France périphérique que la gauche ne regarde même pas avec l’empathie qu’elle aurait pour une réserve d’Indiens. Encore faut-il avoir aussi de la mémoire, et c’est bien le drame de cette France Sandrine Rousseau, dont l’an I se situe quelque part dans une banlieue française dans les années 2000 et qui ne jure plus que par Médine.

Quant à nos intellectuels wokistes qui n’ont pas perçu la finesse de cette cérémonie qui a parfaitement saisi l’âme du rugby, il faut leur conseiller les textes d’un autre philosophe agenais, ami de Pierre Gardeil et, comme lui, amateur de rugby : Michel Serres. Et d’abord cette petite leçon sur le ballon ovale. On imagine d’ici la philosophie et même la théologie qu’un Gardeil ou un Michel Serres aurait tirées de cette cérémonie : ce pain en forme de ballon qui passe de main en main et qui fait l’équipe – ou la communion.

Nous sommes arrivés à l’heure de la béance des fractures françaises, qu’un improbable vernis-verbiage (vivre ensemble, diversité, etc.) tentait de nous masquer : abaya, rugby (liste non exhaustive) : tels sont, aujourd’hui, les marqueurs du nouveau clivage. Pour ne pas dire frontière.

Les guerres civiles françaises du passé furent terribles, entre catholiques et huguenots, révolutionnaires et royalistes, pétainistes et résistants. Et pourtant, elles finirent toujours par être résorbées et surmontées, et assez rapidement. D’abord par le génie de l’homme providentiel qui imposa la réconciliation ou le dépassement (Henri IV, Napoléon, de Gaulle). Ensuite, et peut-être surtout, parce qu’elles étaient précisément des guerres civiles, des guerres entre Français, qui traversaient des villages, des communautés, des familles, mais qui partageaient tous la même langue et la même culture. Le même destin. Le travail du premier était grandement facilité par l’horizon transcendant du second, ce vieux truc sur lequel crachent aujourd’hui Sandrine Rousseau et ses épigones : la patrie, cette France qui était la mère de tous. Or, face aux ruptures culturelles actuelles, d’une tout autre ampleur, nous n’avons plus ni l’un ni l’autre. Et ce n’est pas un match de rugby ni une Coupe du monde qui y pourvoiront. La réaction de Sandrine Rousseau a eu ce seul grand mérite : nous ramener au réel.

Sandrine Rousseau et d’autres crachent sur la France du rugby : bête et logique

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