<<Poésie d'un jour
Peinture de Marie Tavera : source
le galop de la neige (Extrait)
le galop de la neige est l'endroit du silence
où chute l'espace
immobile
un arbre après l'autre
tu peux te retourner les chevaux sont là
ils gardent l'échancrure
ouverte de leurs fronts
la coulée des crinières
et le temps
signes lents comme l'air
cette escorte
au petit matin
pointe osseuse d'un flanc
la crinière et la soif
parallèles
la flamme et puis la braise
une odeur comme du sang
comme un troupeau
une série de bêtes
d'envergure
une série de branches
cassées comme le bois
coule sous la neige
une motte après l'autre la neige désormais
toute bûche entière jetée au feu
j'entends dans le vent d'ouest où vient cette heure
une aura sous nos mains
la neige convergente à peine un grain
de lumière
tracté d'eau sale
tous les feux sont éteints nous attendons dans les ourlets de l'aile
dans ce continu
espace
contre la main
le souffle de la braise se faisant
une coche dans le jour à mesure que les jours
persistent
plus que la neige
la chaleur est ici
dans la chaleur
entre pente et brouillard une éclipse debout
le champ est sans nuance
sa ligne est l'absolue
masse de voir
dessus jour élagué sans poids que sa lumière sa propre face
la hauteur dégagée d'un parcours blanc
le champ est pour marcher tant que ça dure
et là ce qui traverse en même temps c'est-à-dire
l'union le jour du même
la question le tour
des réponses
mobiles sans bouger
certitude du ciel
cet endroit-là est bien pour regarder
l'espace
change
de forme
où on le tient
on l'inaugure
chaque fois d'un côté
la lumière passe après
le sol friable
les restes alentour d'une poussée de neige
il s'agit d'un vertige
et du détroit
de ce seul matin nu
les buissons sont raclés plus aucun bord
que frontières remontant des haies de la lisière
cette houle de ronces est noyée ou enfouie
le corps des franges est un
surface d'herbe et de laine
un seul fil est la ligne d'une entière surface
qui se poursuit
d'un lieu sans écriture à nos côtés
je ramasse le bord
du givre avec mes yeux
pour ne pas l'enlever des sols je l'amenuise
tel jour la lumière
devient cette lenteur
cette porte d'un bleu
charitable
comme chasuble entier de lin où sur la table
il neige
Marie Tavera, « Voix Croisées » in Faire-Part 40/41, 2023, pp.225-230.
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MARIE TAVERA est née à Paris en 1974. Après avoir longtemps vécu en Suisse elle s’est installée en Ardèche en 2014. Elle se consacre désormais à son travail artistique : écriture et dessin.
Longtemps occupée à naviguer entre travail social, auprès de personnes âgées ou handicapées, et recherche en histoire de la médecine, elle a également suivi une formation initiale en histoire. Ce parcours pluriel a nourri l’étonnement qui anime aujourd’hui son écriture autant que son dessin. Qu’est-ce que voir et percevoir ? D’où regarde-t-on, à partir de quelle mémoire et avec quelle focale ? Telles sont les interrogations qui nourrissent aujourd’hui sa quête d’artiste.
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Source : FACEBOOK
Bibliographie :
Frau(x), collectif, éd. du Frau, 2019 ;
Prédations, avec des cyanotypes de Claude Baudin,
La Baraque de chantier, 5 ex, 2019 ;
Les jardins de décembre, avec des encres de Nicolas Blondel, livret de la collection «Bêtes noires », éd. du Frau, 2018 ;
Levées, Le Miel de l’Ours, 2017 ;
Nids variables, Le Miel de l’Ours, 2008 ;
Quelques livres & livrets fabriqués à l’atelier en exemplaire unique, dont certains visibles à la Bibliothèque cantonale de Lausanne.
Publications en revues : Recours au poème 211, Terre à ciel sept.21, Cabaret 39, L’épître 347, Traversées 94, Faire- Part 38–39, Diérèse 74, La canopée 25 & 27, Paysages écrits revue vraie 29, N47 Revue de poésie 29 & 31, Ecrit(s) du Nord, 31–32, L’intranquille 12, Lichen 4, Inédits du journal Le Courrier 2018, La Couleur des jours, 2 & 13
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble