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Le système politico-médiatique continue à paniquer. Il cherche désespérément le successeur du président Macron en 2027. Le futur chef de l’Etat, c’est-à-dire, dans le régime actuel, la poutre vermoulue supposé tenir un château en voie d’effondrement. Après l’échec de la mise en orbite de M. Gérald Darmanin, qui n’a pas percé dans les sondages malgré l’offensive en sa faveur de la fin du mois d’août, il se retourne vers Edouard Philippe. Un sondage dithyrambique en sa faveur vient d’être publié. Selon l’enquête OpinionWay pour Le Parisien, Édouard Philippe « domine le match ». Plus de quatre Français sur dix (42 %) voient l’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron en rassembleur des électorats de la droite et du centre. Il devance Bruno Le Maire (27 %), Gérald Darmanin et Xavier Bertrand (22 %). Et surtout, Edouard Philippe distance Laurent Wauquiez (17 %), le candidat potentiel des Républicains pour 2027. Il faut noter que le monde médiatique, dans son ensemble, est favorable à M. Philippe. Le consensus est global, je n’ai nulle part lu la moindre réserve à son égard (même si des choses ont pu m’échapper). Le « système », au sens ou de Gaulle comme Mitterrand parlaient du « système », a trouvé son sauveur contre les extrêmes, le Pen et Mélenchon.
Pourtant, il y aurait matière, pour les commentateurs, au moins, à s’interroger sur le bilan national d’Edouard Philippe.
D’abord la volte-face de 2017, l’abandon du candidat Fillon en plein effondrement, au profit d’E Macron pour obtenir la récompense suprême, Matignon. L’opportunisme est-il normalisé ou banalisé au point de devenir une sorte de demi-vertu? Puis le renoncement de NDDL, l’aéroport de Nantes validé par consultation populaire locale, face à la violence extrémiste, est-ce un signe de détermination? L’une des ses décisions les plus emblématiques a été l’invraisemblable et dramatique fermeture de Fessenheim, assumée haut et fort devant le parlement, certes en application des instructions du chef de l’Etat, mais un « chef de gouvernement » est responsable de ses actes, accomplis même au nom de la volonté d’un autre. Ensuite, il y a eu la taxe carbone et la limitation de la vitesse à 80 km/h qui ont provoqué la crise des Gilets Jaunes, des mois de violences extrêmes dans tout le pays, pour finir par un retrait de la taxe carbone, et, pour ne pas avoir à assumer la responsabilité d’un retour en arrière sur la sécurité routière, la possibilité donnée aux présidents de conseils départementaux de revenir à 90 km/h. Enfin (« last but not least« ), le cauchemar de la crise sanitaire et le confinement bureaucratique de plus d’un mois: tout un peuple assigné à résidence, emprisonné à domicile. Tout le monde sait aujourd’hui que cet enfermement autoritaire, sur le modèle du totalitarisme chinois, n’a strictement servi à rien. Les pays plus respectueux des libertés et d’un niveau de développement sanitaire équivalent, comme la Suède ou la Suisse, n’ont pas eu plus de morts par habitant (et même moins). Qui a oublié l’image honteuse des personnes âgées interpellées et verbalisées pour avoir mal coché les cases de leur laisser-passer, les mères de familles dénoncées par leur voisin pour avoir dépassé de quelques minutes l’autorisation de sorties avec leurs jeunes enfants ou encore les hélicoptères harcelant des familles isolées sur les plages? Tout cela a bel et bien existé… Peut-être avez-vous oublié mais c’était la France d’avril-mai 2020.
Alors, M. Philippe plaît sans doute parce qu’il n’est plus au pouvoir, donc inoffensif, il incarne une mixture d’allégeance au macronisme et de distance prise avec lui, il apparaît comme plutôt humble et courtois et « sympa » avec des allures post-chiraquiennes. Il offre à la bourgeoisie fortunée retraitée française qui voit dans l’actuel chef de l’Etat le protecteur de ses comptes en banque, une solution de continuité contre le risque du chaos extrémiste (le Pen et Mélenchon). Dans les 4 ans qui viennent, le rouleau compresseur va écraser la vie médiatique autour de M . Philippe, héros de la lutte contre le lepénisme lui-même « absolument certain d’arriver au pouvoir », c’est écrit dans les étoiles, sauf miracle que cet unique sauveur incarne. Ce discours, nous allons l’entendre jusqu’à la nausée, le voici donc enfin, « le vrai gaulliste », à la fois garant des engagements européens de la France et de la souveraineté nationale, le restaurateur de l’ordre républicain, le rassembleur, l’authentique sauveur, et patati, et patata… Personnellement, je souhaite que dans les 4 ans qui viennent, une troisième voie démocratique puisse émerger entre la poursuite du macronisme sous d’autres formes et l’illusion extrémiste de droite ou de gauche. Ce sera difficile, peut-être impossible face au rouleau compresseur… Rien ni personne ne m’empêchera, à mon modeste niveau, d’y consacrer tous les (faibles voire infimes) moyens à ma disposition. Au moins j’aurai fait mon devoir…