Bob, il a demandé un droit de réponse, alors je vous le publie. Tel quel, avec ses "sur" sans le chapeau, on en a parlé dimanche de ce chapeau qu'il oublie systématiquement dans ses contes. Et puis des t qu'il insère entre le verbe et le sujet, aussi. C'est l'univers de Bob. Et ça vous donnera une autre version de la journée, tant qu'à faire. Et puis c'est mieux raconté que moi je trouve, avec les guêpes et les papillons et les ailes des anges, même si y'a un gros gros mensonge : je ne suis absolument pas "plutôt jolie", mais ça doit être la faute à l'alcool à 38 degrés, je ne vois que ça. Voilà tout...
Droit de réponse
Vous connaissez la chanson « j'ai rencontré Saint-Nicolas » ? Hé bien j'ai rencontré beaucoup mieux. Car le vrai Saint-Nicolas, que j'ai vu quand j'avais quatre ou cinq ans, avait une barbe qui se décollait et sentait le tabac.
Non. Moi j'ai rencontré Nana, Anaïs, la vraie, celle qui scrive dans son blog des trucs tellement marrants et vivants que j'en suis devenu accro, comme vous. Celle qui ne se montre jamais, celle qui se cache derrière son humour, celle qui parle de son existence, mais jamais d'elle. Un mystère.
Alors, je l'ai inventée et reconstruite en imagination au vu de tous ces détails et anecdotes qu'elle livre par petits bouts sur son train-train quotidien et qui résume en fin de compte le boulot-metro-dodo de presque toutes les femmes libres et fragiles de notre époque.
Je me suis dit... elle doit avoir dans les trente ans, elle doit être blonde ( ? ) et porte probablement des lunettes. Bref le portait type de Mademoiselle-Tout-Le-Monde, qu'on croise dans la rue sans la remarquer particulièrement, sauf que la vraie Nana a probablement des yeux qui pétillent et une allure décidée de grande fille bien dans sa peau, sure d'elle.
Bref, rien à voir avec les pétasses de Secret Story. Ma main à couper. Quelque chose dans le genre de ma petite sœur, que j'adore, même qu'elle est ma préférée vu qu'elle est la seule. Je pense à ma soeurette, car mon intérêt pour Nana est purement amical. Mon Poussin lit dans mon dos tous les mails que nous nous échangeons et est en fait aussi intéressée que moi de savoir à quoi ressemble cette gonzesse si coquine, rigolote, polissonne mais secrète.
Puis un jour, une copine écrivaine, Dominique Leruth ( une très bonne écrivaine que vous connaissez puisqu'elle a déjà été publiée sur ce blog ) me bigophone et me propose d'organiser un barbecue d'enfer chez elle, comme ça, pour le fun. Dodo, c'est la championne des relations publiques et de l'organisation de n'importe quoi. ..
- Et si on invitait Nana lui dis-je ?
- Tu crois qu'elle accepterait ?
- Ben pourquoi pas ? On risque rien à demander.
Et là, consternation. La grande Nana accepte !
Je téléphone immédiatement à mon Poussin.
- Tu sais quoi ?
- Non, répond-t-elle en bonne logique, vu qu'elle n'est ni voyante, ni extra lucide. Encore que...
- Nana a accepté de venir chez Dodo dimanche.
Waouaw, pas croyable, on va enfin voir à quoi elle ressemble... etc.. etc... je vous passe les détails. Je crois que ma petite femme est encore plus curieuse que moi de vérifier si cette inconnue célèbre que son mec trouve si formidable, est une petite boulotte aux cheveux roux, un échalas décoloré en mini-jupe de cuir, une hommasse à grosses lunettes d'écaille ou tout simplement une fille normale.
Je résume. Nous convenons que j'irai la chercher au train, pour la conduire ensuite chez Dodo. On se donne rendez-vous dimanche midi, gare du Midi ( pas moyen d'oublier ) on s'échange nos gsm et fonce Alphonse.
Je vous décris la scène du dimanche matin, avant d'aller la chercher à la gare.
- Poussin qu'est-ce que je mets ? Pas mon costume quand même ?
- Non, cool, simple, un peu de pshiiit... mets le pantalon bleu qu'on a acheté dans une solderie ( 5 euros ! Je vous jure que c'est vrai ), une chemise sport... et pour une fois cire tes godasses. Ha oui... rase-toi sans te couper svp !
- Comment on la reconnaîtra ?
- T'inquiètes. Elle te reconnaîtra. Elle a vu ta binette sur ton site et un peu partout sur le net où tu racontes tes conneries et propose tes mickeys ( cfr les dessins de Bob le belge ).
Bref, je suis dans mes petits talons mais remarque quand même que mon Poussin met quelque chose d'élégant. Histoire de tenir la comparaison je suppose.
Bon, je résume encore. On va jusqu' à la gare, on parque la voiture, on vérifie l'heure d'arrivée et on monte sur le quai N° 16.
Voila. Le train de Dinant-Namur entre en gare à 11h57, comme prévu. Dix mille portes s'ouvrent en même temps en chuintant et cent mille personnes débarquent dans tous les sens. Je fais le mec calme et décontracté qui attend d'un air indifférent, mais mes yeux courent dans tous les sens. Cette élégante en tailleur peut-être ? Non elle à une valise. La petite noirette qui avance d'un pas militaire son sac coincé sous le bras ? Non, je ne la sens pas. D'ailleurs elle me dépasse déjà sans même me remarquer. Cinq secondes trépassent qui me paraissent dix minutes. Puis une voix dans la cohue...
- Bob ?
Taratataaaaa ! Le grand mystère d' internet. Elle est là devant moi et je vous jure sur tout ce que j'ai de plus cher, que je ne l'aurais jamais reconnue ! Elle ne ressemble à rien de ce que je phantasmais. Un tout petit peu l' AnaIs de la bande dessinée quand même, mais en plus... en plus... en plus normale.
Mais bon sang Bob, qu' est-ce qu'est-ce que tu espérais ? De la musique comme dans un film glamour ? Une rencontre tournée au ralenti avec les cheveux qui flottent très lentement dans le vent ? D'abord y'a pas de vent et dans mon cas, plus beaucoup de tifs ?
Je suis sonné , quelques secondes. Le temps de réaliser que la petite bonne femme qui descend l'escalator derrière moi et papote déjà avec ma chérie est une gonzesse normale. Vous vous rendez compte ! Normale de chez normale. Brune, plutôt jolie, avec deux pieds, deux jambes et une tête comme la mienne, la vôtre sans doute : Incroyablement passe-partout.
Ah si quand même ! Les yeux qui pétillent... là je ne m'étais pas trompé.
Et dire, je pense à ça à l' instant même où j'écris ces lignes, qu'elle a peut-être pensé exactement la même chose de moi. Car pour être tout à fait sincère, la « légende » dont elle parle avec emphase dans son dernier article ressemble plus à Bourvil que Georges Clooney. Mais bon...
La suite... c'est comme elle vous l'a décrit. Rien que du bonheur.
Dodo et son mari Dominique habitent une maison de hobbits, avec un jardin de curé plein de roses de guêpes et de papillons. Le soleil s'est arrêté dessus et l'air semble vibrer d'été. La table est déjà dressée sur la terrasse, avec des chips et des tas de verres prometteurs. Le temps de prendre place, l'auteur des petits contes cruels s'amène avec un plateau chargé de petites tomates fourrées aux crevettes, tandis que son mari, journaliste télé, comédien, écrivain, présentateur etc... ( la liste de ses titres est trop longue ) suit avec un alcool maison à 38° qui porte le nom de leur quartier, le coin du balai.
Puis suivent les barbecues, le lard, la salade, les vins blanc... et un bavardage pas possible comme seuls de vieux potes et de vieilles amies peuvent avoir. C'est-à-dire qu'on parle de tout, de rien, on saute du coq à l'âne et même de l'âne au coq et on se rend compte soudain que le soir commence à tomber et qu'on est là depuis des heures et que le temps a passé comme l'aile d'un ange qui frôle un nuage. Bref, on sent qu'on est bien, qu'on se comprend, qu'on parle la même langue et que... mais oui... qu'on s'aime un peu.
Voila la vérité vraie. Tout le reste est faux. Anaïs ou Nana est la plus chouette copine que vous rêveriez d'avoir et si de grands bruns aux yeux langoureux lisent ce blog à l'instant, je leur conseille de lui envoyer un mail fissa fissa.
Bon, pas sur qu'elle réponde. Mais là, ça ne me regarde plus. A chacun ses oignons.