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Cherbourg : Argos dénonce le viol. Le maire et le préfet dénoncent… Argos

Publié le 19 septembre 2023 par Observatoiredumensonge

Xavier Brunetière, nouveau préfet de la Manche, est ravi. Dans un message sur X daté de samedi, il « salue la rapidité d’intervention des équipes du commissariat de Cherbourg appuyées par un escadron de gendarmerie du Calvados pour mettre fin à une action porteuse d’un discours haineux ce samedi midi ».

Benoît Arrivé, maire socialiste de Cherbourg, est très heureux également. Il reposte le message du préfet en le paraphrasant à sa sauce. « Je salue la rapidité d’intervention des services de l’État, de Monsieur le Préfet et de la police nationale. Ces discours de haine et de racisme sont contraires à la République. »

Je salue la rapidité d'intervention des services de l'Etat , de Monsieur le Préfet et de la police nationale. Ces discours de haine et de racisme sont contraires à la République.@VilleCherbourg https://t.co/nyHKh3d8JM

— Arrivé Benoît (@ArriveBenoit) September 9, 2023

Tout le monde est drôlement content. Mais de quoi donc, au juste ? De la mise en garde à vue pour 48 heures et de la comparution immédiate, ce 11 septembre, de douze militants du collectif Argos. Pour quel abominable crime ? Avoir déployé symboliquement deux banderoles devant l’immeuble d’Oumar, mis en examen pour « viol accompagné de tortures ou actes de barbarie » sur Mégane. Sur l’une, on pouvait lire « L’État ne te défend pas, prépare-toi ! », sur l’autre « Mégane, violée par Oumar, 17 mentions au casier et 5 condamnations ».

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diots utiles ?

De fait, le maire et le préfet peuvent se montrer satisfaits au vu de la débauche de moyens déployés : 3 ou 4 cars de CRS attendaient la manifestation non déclarée sur les lieux. Des forces de l’ordre ont été dépêchées en renfort. Et c’est finalement un barrage policier qui a arrêté une voiture des membres du collectif. Dans la voiture auraient été trouvés des couteaux et une matraque.

Après la comparution immédiate, douze militants sont ressortis libres sous contrôle judiciaire, en attente du procès renvoyé le 16 octobre. Comment se terminera cette affaire ?

Par un flop, comme pour les militants d’extrême droite arrêtés en décembre dans un bar en marge du match France-Maroc ? Libération, ne reculant devant rien, surtout pas le ridicule, avait parlé à leur propos de « nuit [ayant] soufflé le facho et l’effroi », de « nuit du grand déferlement » et de « nuit bleue peste brune » (sic). Jugés le 8 septembre, ils sont sortis du tribunal libres comme l’air pour cause de procédure cousue de fil blanc… Ou, comme Génération identitaire, les militants d’Argos écoperont-ils d’une  condamnation sévère ? Impossible à dire. Mais Maître Pierre-Vincent Lambert, leur avocat, s’inquiète déjà d’une répression d’opportunité grandissante pour des actions symboliques. Peu de chances qu’à l’instar de certaines manifestations « antiracistes », il se trouve un membre du gouvernement pour faire valoir, dans leur cas, que  l’émotion dépasse la loi

⚠️ Le procès de nos 12 militants commencera à 11h après 48H de garde à vue.
Ils sont finalement poursuivis pour :
1️⃣ Provocation à la commission d’un crime ou d’un délit en raison d’un slogan inscrit sur une banderole (L’ÉTAT NE TE DÉFEND PAS – PRÉPARE-TOI)
2️⃣ Organisation… pic.twitter.com/gX8iMaPtLN

— Argos (@Argos_france) September 11, 2023

À ce sujet — Viol avec actes de barbarie à Cherbourg : la jeune Mégane est sortie du coma

On peut trouver inutile autant que contre-productif ce genre de happening et regretter que les jeunes auteurs se muent in fine en idiots utiles d’un contre-feu bien pratique pour leurs adversaires. Mais comment ne pas être médusé par ces deux comptes Twitter officiels représentant l’État ? Ils n’ont pas de mots assez durs – « haineux », « racistes » – pour les porteurs de banderoles, mais ces mêmes comptes sont restés muets comme des carpes au moment des horribles faits dénoncés par lesdits calicots. En réponse à un internaute qui lui en fait grief, le maire renvoie à une mention, dans Ouest-France, d’un communiqué au nom du conseil municipal. Et pour justifier son silence sur les réseaux sociaux, il argue « la discrétion et la retenue » par « respect pour la victime ». Mais quand il s’agit de dénoncer Argos, exit la discrétion, la retenue et le respect pour la victime.

Défendre en creux le violeur présumé

En tant que préfet et maire, n’étaient-ils pas garants de l’ordre public et de la sécurité dans leur ville ? Si cette garantie avait été assurée, Cherbourg ne serait pas soudain devenue tristement célèbre, ces jours derniers. Alors que le continuum police-justice s’est montré incapable de mettre hors d’état de nuire un horrible individu bien connu pour sa violence, notamment envers les femmes, et moult fois condamné, ils se permettent de tirer gloriole d’avoir neutralisé un groupe de jeunes s’indignant de ses exactions ? Loin d’avoir honte de cette impéritie collective dont ils portent la responsabilité partagée (le préfet de la Manche a changé en août, mais il y a continuité de la fonction), ils s’offrent donc le luxe de défendre en creux le violeur présumé, victime, à les lire, de « haine » et de « racisme » ?

Comment ne pas y voir une illustration éclatante d’anarcho-tyrannie, concept développé en 1992 par l’essayiste américain Samuel Todd Francis : laxisme pour les délinquants et les criminels, répression pour les autres ?

Cherbourg : Argos dénonce le viol. Le maire et le préfet dénoncent… Argos

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