Magazine Journal intime

Grains de sable.

Publié le 19 août 2008 par Lawrencepassmore

Un jour, j’ai vu un homme en consultation, .

Il a été opéré d’une anomalie rare, toutefois sans être soulagé immédiatement des symptômes qui l’avaient amené à consulter.

Seule l’intervention d’un thérapeute non médical avait permis de l’améliorer, des années plus tard, alors qu’il avait perdu tout espoir. D’ailleurs, il avait consulté ce thérapeute pour tout autre chose.

Nous avons discuté de sa longue quête du mieux être.

Il a été surpris de voir que chaque spécialiste consulté (il en a vu une bonne demi-douzaine) croyait fermement avoir la solution à ses problèmes, notamment le dernier qui l’a opéré.

Il a été aussi surpris de la diversité des avis au sein d’une même spécialité.

Je lui ai alors raconté l’histoire des grains de sable que l’on laisse s’écouler de sa main serrée. Ils tombent en formant un petit tas en forme de cloche. C’est la base expérimentale de la loi normale de distribution, développée notamment par Gauss.

Chaque petit grain de sable est un patient.

Nous savons très bien soigner ceux du centre, très mal ceux de l’extrême périphérie, dont il fait partie.

C’est une grande loi médicale.

Il m’a alors dit que chaque spécialiste essayait de le ramener au centre, au milieu des autres.

Pas faux.

Les médecins, nourris de cartésianisme, admettent rarement de ne pas savoir, de ne pas pouvoir classer un patient. Nous aimerions tous que le tas soit pointu, et qu’il n’y ait que peu ou pas de grains isolés.

Je fais pareil, bien entendu.

Mais j’aime beaucoup m’imaginer (nous imaginer) essayant de ramener nos petits grains de sable au centre, et ceux-ci s’accrochant au terrain, là où ils sont, voire pire, à la tranche de notre paume.


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