<< Poésie d'un jour
"... cette demeure que je cherche ..."
Aquatinte numérique de → G.AdC
Places I circle back to
The first time no one listened
become that home I seek
again and again when I
speak, thinking each time
my voice carries –
it vanishes in others’
visible breath. I haven’ t found
a room I can fill.
Outside, plants grow and shed leaves
where they find themselves, and the horses
stamp at flies without a trace
of anger. Sometimes I vanish
comfortably under the sun
and undivided sky
while puddles shrink
invisibly after days of rain
leaving, instead of dust, a mud
that holds everything in place –
this is how the ground gives up
the moisture that has come
and come to it beyond
what it can drink. A blesses
tiredness. As sometimes when I’m reading
and the words pull themselves into a story –
into a person more right than wrong
in a recognizable dilemma-
someone not blurred by decisions
or divided into faulty halves
but leaning into
her fate, one long dance,
as into a day of work. As into
days of work we seek
and do and seek repite from, to
tell ourselves we are really here.
Leslie Ullman
Lieux auxquels je reviens
La première fois où personne n’a écouté
devient cette demeure que je cherche
encore et encore quand je
parle, pensant que ma voix
chaque fois qu’elle porte
se dissipe dans l’haleine
trop visible des autres. Je n’ai trouvé
aucun espace que je sache remplir.
Dehors, les plantes poussent des feuilles
et les perdent là où elles se trouvent, et les chevaux
fouettent les mouches sans une trace
de colère. Parfois je disparais
confortablement sous le soleil
sous un ciel indivis
tandis que les flaques d’eau
s’évaporent insensiblement après des jours de pluie
laissant, plutôt que de la poussière, une boue
qui retient tout en place-
c’est ainsi que le sol se délivre
du trop-plein d’humidité survenue
encore et encore au-delà
de ce qu’il peut boire. Une fatigue
bienheureuse. Comme parfois je lis
et que les mots prennent la forme d’une histoire,
d’une personne ayant plus raison que tort
dans un dilemme reconnaissable –
d’une personne sans angoisse face aux décisions
ni divisée en moitiés fautives
mais inclinée vers
son destin, en une seule longue danse,
comme vers un jour de travail. Comme vers
des jours de travail que nous cherchons
accomplissons et dont nous cherchons répit,
nous dire que nous sommes vraiment ici.
Leslie Ullman, poème traduit par Jacques Rancourt, « La traduction et ses traces » in Marie-Christine Masset, D’une rive à l’autre, Quand les poètes traduisent les poètes, Éditions Tituli 2023, pp. 143,144,145.
Biographie de Leslie Ullman