Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 10,1-12.
En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.
Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin.
Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’
S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous.
Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison.
Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté.
Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.” »
Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites :
“Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le : le règne de Dieu s’est approché.”
Je vous le déclare : au dernier jour, Sodome sera mieux traitée que cette ville. » Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)
missionnaire des gens des rues
Spiritualité du vélo (La joie de croire, éd. du Seuil, 1968, p. 80-81; rev.)« Allez ! Voici que je vous envoie » (Lc 10, 3)
« Allez… » nous dites-vous à tous les tournants de l’Évangile. Pour être dans votre sens, il faut aller, même quand notre paresse nous supplie de demeurer. Vous nous avez choisis pour être dans un équilibre étrange. Un équilibre qui ne peut s’établir et tenir que dans un mouvement que dans un élan. Un peu comme un vélo qui ne tient pas debout sans rouler, un vélo qui reste penché contre un mur tant qu’on ne l’a pas enfourché, pour le faire filer bon train sur la route. La condition qui nous est donnée c’est une insécurité universelle, vertigineuse. Dès que nous nous prenons à la regarder, notre vie penche, se dérobe. Nous ne pouvons tenir debout que pour marcher, que pour foncer, dans un élan de charité. (…) Vous vous refusez à nous fournir une carte routière. Notre cheminement se fait la nuit. Chaque acte à faire à tour de rôle s’illumine comme des relais de signaux. Souvent la seule chose garantie c’est cette fatigue régulière du même travail chaque jour à faire, du même ménage à recommencer, des mêmes défauts à corriger, des mêmes bêtises à ne pas faire. Mais en dehors de cette garantie, tout le reste est laissé à votre fantaisie qui s’en donne à l’aise avec nous.