<<Poésie d'un jour
Photos: G.AdC
Le vent faisait négoce
des matins lents au long du fleuve
congédiait
le dénuement des mortes-eaux
ses longues menées
faufilaient le jour
dans les pluies démêlées
recousaient
des lanières de brume
il espérait aussi
mettre les soifs en bouche
et nommer le silence
le vent a dispérsé
les palabres des fontaines
mais le ciel n’oublie rien
Dans la forêt des signes
un fragment d’inachevé
pour guide
le suivre
chemin
dans le langage
dans sa nuit morcelée
hommage
à la parole qui s’efface
au verbe
épuisé dans le geste
du feu et de l’eau
épiphanie d’un songe
sous la cendre des mots
Souple le silence
dans le soir
veiné de glace
regard flottant
sur la neige
imminence
de la brûlure
le blanc de l’air
aquarelle les ombres
en draperies secrètes
sous le noirci des traces
la durée piétinée
Prends soin de
l’impensable
arpège ces jours
aussi loin qu’un prodige
aussi interminables
que le repos des choses
sois du côté
du temps jadis
et de la foudre
séide fervent
d’un monde sans empreinte
Jean-Louis Bernard, Héritage du souffle, Éditions Alcyone|Collection Surya, 2023, pp.51, 52, 53, 54.
Sur TdF
→ Cahiers des chemins qui ne mènent pas, éditions Alcyone, Collection Surya, 2019, Encre de Silvaine Arabo.
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Alcyone) la fiche de l’éditeur sur Cahiers des chemins qui ne mènent pas