La France saturée :

Publié le 08 octobre 2023 par Observatoiredumensonge

« Le mouvement migratoire, constaté notamment en Italie, provoque un afflux, en France, de mineurs africains isolés. » Dans un communiqué en date du 26 septembre, Jean Deguerry, président Les Républicains du département de l’Ain, tire la sonnette d’alarme. Suite aux récentes vagues migratoires, « le département de l’Ain se heurte à un phénomène de saturation des structures d’hébergement » pour mineurs isolés, explique l’élu. En cause, « une augmentation continue du flux de mineurs non accompagnés (MNA) arrivés sur le territoire aindinois ». À ce jour, l’Ain prend ainsi en charge 329 mineurs isolés (dont 232 arrivés depuis le début de l’année 2023). Soit 138 MNA supplémentaires (+72 %) par rapport à 2019 !

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Des départements débordés

Cette saturation n’est pas sans conséquence. Les services de protection de l’enfance, qui dépendent des départements, d’une part, craignent de ne plus pouvoir assurer leur mission « dans de bonnes conditions », s’inquiète Jean Deguerry. D’autre part, la saturation migratoire « mobilise fortement ses agents et ses budgets au détriment de la protection de l’enfance pour les Aindinois ». Le budget alloué aux mineurs isolés, notamment, ne cesse d’augmenter. Après avoir dépensé 5,6 millions d’euros pour les MNA en 2022, l’Ain devrait leur consacrer, en 2024, une enveloppe de 8,6 millions d’euros, selon les premières projections. Et alors que le département s’apprête à ouvrir de nouvelles places pour mineurs isolés, Jean Deguerry prévient : « Si la situation devait se dégrader encore – ce qui est fort probable, compte tenu du contexte international lié aux migrations -, le département devra (sic) suspendre temporairement l’accueil des MNA. »

L’Ain est loin d’être le seul département confronté à cette saturation migratoire. Soumis au désengorgement de l’Île-de-France et à l’arrivée massive de migrants à nos frontières, d’autres départements, autrefois préservés de l’immigration, se retrouvent aujourd’hui débordés. Déjà, au printemps, les Côtes-d’Armor s’alarmaient ainsi de voir leurs capacités d’accueil en structures d’hébergement temporaire et d’urgence pour les migrants « quasi saturées ». Ces derniers jours, dans le Doubs, des associations d’accueil des migrants redoutent, elles aussi, une « saturation » dans les centres d’accueil. « Les arrivées sont trop importantes », dénonce, ainsi, un membre de la Croix-Rouge du Doubs, auprès de nos confrères de France 3.

À ce sujet — Lampedusa, le vrai lancement de la campagne européenne

Le département des Alpes-Maritimes, en première ligne face aux passages à la frontière franco-italienne, est également dépassé par cette situation migratoire. Dans un courrier adressé au président de la République ce 21 septembre, Charles-Ange Ginésy, président Les Républicains du département, dénonce « une explosion migratoire à la frontière franco-italienne »« Le département ne peut être la victimes collatérale d’une frontière passoire qui […] fait supporter au seul contribuable des Alpes-Maritimes une charge financière de près de 28 millions d’euros en 2023 », s’emporte l’élu. Preuve de cette saturation : au 18 août, les Alpes-Maritimes prenaient déjà en charge 4.333 mineurs isolés, contre 4.908 sur la totalité de l’année 2022.

Vague migratoire

Cette saturation dont sont victimes de nombreux départements français est la conséquence d’une augmentation exponentielle de l’immigration, en France. Les demandes d’asile, devenues l’une des filières de l’immigration illégale, ont augmenté de près de 30 %, en 2022. L’immigration clandestine connaît également une forte hausse dans toute l’Union européenne. 330.000 franchissements irréguliers (+64 %) ont ainsi été constatés aux frontières de l’UE par l’agence Frontex. À l’inverse, les éloignements restent à un niveau très faible, avec seulement 6,9 % des OQTF exécutées en 2022.

L’arrivée massive de migrants sur l’île de Lampedusa, au début du mois de septembre, laisse présager l’arrivée d’un flux migratoire important à nos frontières. Alors que la Cour de justice de l’Union européenne vient de restreindre les possibilité de refoulement vers les pays voisins, la France doit se préparer à être confrontée non plus à une saturation mais à une submersion de ses capacités d’accueil.