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Analyse du nouvel album

Publié le 19 août 2008 par Nicolas Koenig

mylene-farmer-point-sutureMylène Farmer revient avec un nouvel album intitulé “Point de suture”, et c’est un événement majeur…pour tous ceux qui l’aiment d’amour. Car la diva reste toujours défendue par un public conquis d’avance, et aussi peu objectif que fidèle, les plus férus d’entre eux percevant chaque critique négative comme une agression personnelle. Arnaud Babion-Colomb (Abécé) a écouté pour HitMuseMag ce septième album de la plus sulfureuse des icônes francophones, en vente dès le 20 août 2008 en format numérique, et le 25 août sous forme physique. Il risque de ne pas se faire que des amis…

Loin de prendre des risques, Mylène Farmer a signé avec “Point de Suture” un album consensuel : les fans de toutes les époques y trouveront leur compte et devraient même y prendre du plaisir. Alors que les chansons sont encore rangées au coffre du label Polydor, un site russe a dévoilé ces titres avant la date officielle du 20 août prochain.

Les amateurs d’électro ont déjà découvert, avec le premier single “Dégénération”, que l’artiste embrassait un univers électro de façon un peu plus évidente. L’album jouit d’une production, comme toujours, impeccable, sous la direction de Laurent Boutonnat : La réalisation est nickel. Le travail sur le mixage est excellent. Le son est soigné et la programmation a été fouillée…

Le bât blesse pourtant dès qu’on se penche sur les textes : Dès la seconde piste, “Appelle mon numéro”, digne d’un des meilleurs sketches de Gad Elmaleh est un texte minimaliste. Les détracteurs de Mylène qui lui avaient reproché une expression surannée et un vocabulaire prétentieux sont comblés… La mélodie faiblarde est facile à retenir. On se demande si, à force d’avoir creusé les abîmes d’une poésie noire et douloureuse, Mylène Farmer n’a pas usé son champ lexical préféré jusqu’à la corde, au risque de produire prochainement un “Redondance Remixes”.

Si l’intro et les refrains rock de “Paradis Inanimé” replongent dans l’ambiance péchue du titre “XXL” qui avait lancé l’album “Anamorphosée”, à l’opposé, l’écoute de “Looking for my name” duo (dont les fans se demandent s’il est chanté avec Bono ou Moby) nous rappelle la balançoire et le piano tonique et léger d’ “Ainsi sois-je”.

Sur “Point de suture”, hommage à une réplique d’Al Pacino dans le film “L’impasse”, l’artiste retrouve les ponts musicaux travaillés.

Les sons électros de “Réveiller le monde”, dans l’esprit de son précédent duo avec Moby “Slipping away”, sont affublés d’une rythmique maladroite, digne des meilleurs tubes de Début de Soirée… (On a les références qu’on mérite) On admire pourtant d’excellentes harmonies vocales doublées d’un mixage d’un perfectionnisme palpable. Et côté texte, on tombe “enfin” dans le néologisme facile et vaseux. Franchement, mon admiration pour le travail d’auteur de Farmer en prend un coup : Le titre “Sextonik” est tout bonnement gâché par ce refrain de basse-classe artistique. C’est pas que c’est mauvais… Sexechiant… Et il s’agit pourtant d’un tube au pont très efficace. Quelques râles, glissés ici et là, à deux doigts de l’orgasme, ont peut-être influencé les critiques de fans qui mentionnent ce titre parmi l’un des meilleurs de l’album.

“C’est dans l’air” va draguer les fans de Zazie, avec un flux de paroles qui se rapproche de “Tout le monde il est beau”. Au niveau des paroles, on apprend avec stupeur que “l’infamie (…)” et “la calmonie, c’est laid”. Si on peut croire, pendant le premier refrain, que ce qu’enfonce Mylène n’a aucune connotation sexuelle, s’agissant de portes ouvertes, au fil du texte, la chanson prend une autre dimension plus intéressante, aboutie. Mylène m’a eu. J’ai eu tord, pour le coup. Mea Culpa.

Enfin, comme dans chacun de ses albums, Mylène Farmer a toujours su trouver LE titre idéal pour conclure : “Si j’avais au moins…” ne déroge pas à la règle. Cette superbe ballade me donne l’impression de ces desserts qui font pardonner un repas agréable mais imparfait. En titre caché, sur la piste de cette agréable mélodie, on découvre après la chanson “Si j’avais au moins…”, “Ave Maria”, que je n’ai pas eu la chance d’écouter…

Globalement, les fans des premières heures ne devraient pas être déstabilisés par “Point de suture”. Malgré tout, Mylène ne donne plus l’impression de souffrir, comme elle le faisait aux premières heures. C’est avec soulagement qu’on l’entend chanter avec le sourire, comme elle le fait depuis un album ou deux. Vocalement, elle progresse, incontestablement

Dommage que ses textes tombent dans une certaine facilité. En gardant, évidemment en tête, qu’elle avait placé la barre très haut dès le départ et qu’elle a aussi réussi à écrire des chefs d’œuvres.

La production est belle et l’utilisation des harmonies des chœurs est agréable. Il s’agit là d’un album très bien léché : on n’en attendait pas moins d’une artiste qui aime les jeux de mots tendancieux.

D’après Arnaud BABION-COLOMB (Abécé) via HitMuseMag


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