Hier encore, on se moquait ici de l'inconséquence et de la nullité de Sarkozy en politique étrangère. Mais ce soir, 10 morts plus tard, on n'a plus envie de rire, mais alors plus du tout.
Dans le monde réel de la politique, pas celui de la pipolisation ou du storytelling, tout finit par se payer un jour. Les mots ne sont pas que des mots, les mots engendrent des décisions, les décisions des actions, les actions des réactions de sueur, de larmes, de sang.
Quand au printemps 2005, Sarkozy était allé rouler des mécaniques en banlieue parisienne avec ses fameuses tirades sur les racailles à nettoyer au kärcher, ce n'était que des mots lancés en direction de l'électorat du Front National. Deux électrocutions de gamins innocents plus tard, des quartiers entiers brûlaient dans toute la France.
Quand au printemps 2008, Sarkozy est allé annoncer au Parlement britannique, avec des accents très bushiens, l'intensification de la participation française à "la lutte pour la liberté contre le terrorisme" en Afghanistan, ce n'était aussi que des mots pour satisfaire la fascination pour une certaine Amérique de notre petit président. Aujourd'hui, ces mots ont fait une dizaine de veuves et plus d'orphelins encore.
Le temps viendra où il faudra rendre des comptes.
Le temps viendra où l'admirateur de Guy Môquet devra nous expliquer pour quelle cause réelle nos compatriotes sont tombés.
Le temps viendra où le président de toutes les "victimes" et de toutes les "souffrances" devra nous expliquer comment sa politique aura pu en produire des bien plus graves et des bien plus profondes que celles qu'il aura prétendu apaiser.