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De Samuel Paty au jeune Nicolas : itinéraire d’une rectrice hors-sol

Publié le 17 octobre 2023 par Observatoiredumensonge

La rectrice de l’académie de Versailles, mise en cause dans le suicide très médiatique du jeune Nicolas, le 5 septembre, est dans l’œil du cyclone. Au-delà même de ce courrier, des mots employés et des manquements éventuels, son parcours est emblématique d’une partie des maux qui dissolvent l’Éducation nationale.
« Les femmes et plus largement toute la société ont encore du chemin à faire pour parvenir à l’égalité », déclarait Charline Avenel, dans une interview publiée sur le site Sciences Po Carrières. Mais dans ce combat, chacune pour soi et toutes les iniquités sont autorisées ! Pour la nommer rectrice de l’académie de Versailles, Macron n’hésita pas à modifier les règles de nomination en les assouplissant jusqu’à les faire plier, car sa camarade de promotion à l’ENA n’avait pas les diplômes nécessaires. Le Conseil des ministres avalisa cet aménagement en octobre 2018. Elle quitta alors son poste de secrétaire générale de Sciences Po.

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Cette nomination sur mesure aurait pu inciter Charline Avenel à s’impliquer longuement dans la vie de l’académie de Versailles, gigantesque machine scolaire qui regroupe les Yvelines, l’Essonne, les Hauts-de-Seine et le Val-d’Oise. Il faut croire que ce n’était pas aussi amusant que ça en avait l’air, ou que le salaire n’était pas à la hauteur des embêtements. En avril dernier, elle postulait au poste de directrice générale de la Fédération française de football ! En vain. En juillet, adieu Versailles : Charline Avenel rejoignait la direction générale du groupe Ionis, groupe d’enseignement privé spécialisé dans les domaines des transformations technologiques, du business, du management et de l’innovation. Des créneaux plus clinquants que « enseignement moral et civique » et qui lui vont comme un gant. « J’ai compris tout le potentiel de la tech pour faire réussir nos élèves », proclamait-elle au salon Viva Tech, en mai 2019. Une vision proche de celle du songe-creux élyséen, promoteur de la Tech for Good (la technologie pour le bien, NDLR), engagement qui veut « définir des modèles de développement qui mettent la technologie et le numérique au service de l’humanité »…

De la poussière sous le tapis

À ce sujet — [L’invité] Stéphane Simon : « Cette affaire Paty est une abomination absolue »


Mais nouvelles technologies et technocratie ordinaire ne résolvent pas tout. Elles n’ont été d’aucun secours pour sauver la vie de Samuel Paty, l’affaire qui a entaché la « gouvernance », comme on dit, de Charline Avenel à la tête de l’académie de Versailles. Au caractère abominable de cet acte terroriste islamiste à l’égard d’un professeur, poignardé, éviscéré et décapité par un Tchétchène – tout ça pour avoir été Charlie – s’ajoute un fait, aujourd’hui établi : sa hiérarchie, donc sa rectrice, a laissé tomber Samuel Paty avec une lâcheté non dénuée de cruauté – voyez le livre de Stéphane Simon, Les Derniers Jours de Samuel Paty – Enquête sur une tragédie qui aurait dû être évitée (Plon). Les sœurs de la victime ont d’ailleurs porté plainte contre l’État.

Comme si cela ne suffisait pas, on découvre maintenant que Charline Avenel a laissé de la poussière sous le tapis. Nicolas, 15 ans, s’est donné la mort début septembre après des années de harcèlement scolaire. Les parents avaient à plusieurs reprises signalé les faits, au point que le rectorat de Versailles les avaient… menacés de poursuite ! Le courrier administratif qui fait scandale est clair : « Aussi, dans l’intérêt de votre enfant et par souci d’exemplarité à son égard, je vous enjoins d’adopter désormais une attitude constructive et respectueuse envers les autres membres de la communauté éducative et, plus largement, tout le personnel de l’Éducation nationale qui œuvre à la prise en charge de votre fils et agit au mieux à son égard. Je serais contrainte, le cas échéant, de prendre toutes les mesures nécessaires tant au bon fonctionnement du service public de l’Éducation nationale qu’à la protection et à la sécurité des personnels qui y concourent. » Ce courrier du 4 mai 2023 n’est pas signé « Charline Avenel » mais il a été écrit sous sa direction et il est à son image : un courrier de « techno », inhumain et bureaucratique.

Simple comme un coup de fil

Invitée de France Bleu Paris en 2019, la rectrice invitait les parents et les élèves à « faire confiance à l’institution » pour lutter contre le harcèlement scolaire et indiquait deux ressources principales : téléphoner au 3020 (simple comme un coup de fil !) et le « banc de l’amitié » dès la maternelle où l’on comprend combien « l’empathie, le collectif est important ». On ignore si Charline Avenel a essayé de faire asseoir sur ce banc de l’amitié des ados élevés au rap, aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux… Totalement hors-sol, la rectrice vantait, plutôt que les sanctions à l’égard des harceleurs, « des dispositifs qui misent sur l’empathie, par exemple le dispositif de préoccupation partagée » (sic). Une empathie dont elle semble elle-même grandement dépourvue – les parents de Nicolas sont là pour en témoigner.

De Samuel Paty au jeune Nicolas : itinéraire d’une rectrice hors-sol

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