<<Poésie d'un jour
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AU COMMENCEMENT SERA LE SOLEIL
Animal profondément oublié : tiède et tranquille
masse mystérieusement isolée ;
ARCHE close de vie, qui transportes vers un jour qui
vient
mon histoire et mes chances,
tu m’ignores, tu me conserves, ; tu es ma permanence
unique
et inexplicable. Ton trésor est mon secret.
SILENCE, mon Silence… ABSENCE, mon absence,
ô ma forme fermée,
je laisse toute pensée pour te contempler de tout mon
cœur.
Il n’est pas de plus étrange, de plus pieuse pensée.
Point de merveille plus proche.
Je me suis donc fait une ÎLE inconnue.
Et tu es un temps qui s’est détaché de l’énorme TEMPS
Où ta durée indéfinie subsiste et s’éternise
Comme un anneau de fumée.
Mo, amour devant toi est inépuisable.
Je me penche sur toi qui es MOI, et il n’y a point d’échan
-ges
entre nous.
Tu m’attends sans me connaître,
Et je te fais défaut pour me désirer
Tu es sans défense. Qui te tue me tue.
Quel mal tu me fais avec le bruit de ton souffle…
Je me sens le captif du suspens de ton soupir
Au travers de ce masque abandonné, tu exhales le mur
-mure
d’une vie tout égale, à soi-même bornée.
J’écoute le petit bruit de mon existence, et ma stupidité
est devant moi…
Paul Valéry, « Poèmes » in « Histoires brisées », La Jeune Parque et poèmes en prose, Préface et commentaires de Jean Levaillant,
Poésie Gallimard, 1974, pp.126,127.
PAUL VALÉRY - sérigraphie / Source
PAUL VALÉRY
■ Paul Valéry
sur Terres de femmes ▼
→ [Rime]
→ 30 mars 1917 | Publication de La Jeune Parque de Paul Valéry
→ 19 février 1924 | Conférence de Paul Valéry sur Baudelaire
→ 23 juin 1927 | Discours de réception de Paul Valéry à l’Académie française
→ 20 juillet 1945 | Mort de Paul Valéry
→Paul Valéry, « Poèmes » in « Histoires brisées », La Jeune Parque et poèmes en prose, Préface et commentaires de Jean Levaillant,
Poésie Gallimard, 1974
■ Voir aussi ▼
→ la biographie de Paul Valéry sur le site de l’Académie française
→ (sur Terres de femmes) 15 avril 1452 | Naissance de Léonard de Vinci