1951... - L'Ecole privée ( '' libre '')

Publié le 06 novembre 2023 par Perceval

Rappel sur la IVe République (1946-1958): Une coalition : SFIO (socialistes), MRP (chrétiens-démocrates) et Radicaux, doit faire face à l'opposition du PC (communistes) et du RPF ( le Rassemblement du peuple français, créé par le général de Gaulle, en avril 1947). " Tous les cabinets comprennent grossièrement un tiers de MRP, un tiers de socialistes et un tiers de radicaux et de modérés. Le président du conseil est interchangeable qu'il soit Socialiste (Ramadier), MRP (Schuman, Bidault), Radical (Queuille, André Marie) ou UDSR (Pleven) " ( UDSR = Union démocratique et socialiste de la Résistance (avec Mitterand) )

Pour Lancelot, l'actualité est chargée depuis quelque temps d'un débat sur '' l'aide à l'enseignement libre'' . En effet, en août 1951, la question pouvait mettre en danger le cabinet Pleven ; on s'inquiète et Lancelot est chargé de mesurer le poids de l'opinion catholique.

L'augmentation de la population scolaire exige des mesures urgentes. Et, on ne peut pas répondre à l'obligation scolaire sans l'enseignement privé.

Avant guerre on comptait à peu près 600.000 naissances dans l'année ; ces dernières années nous en sommes autour de 850.000 par an. En 1952, 858.000 enfants recevaient leur instruction primaire à l'école privée( plus de 4 millions dans l'école laïque) et 350.000 faisaient leurs études dans les collèges catholiques ( 450.000 dans le public). Les éducateurs catholiques font donc œuvre de service public.

Les catholiques se plaignent de payer deux fois pour l'éducation de leurs enfants, une fois comme contribuable et la seconde en subventionnant directement leur école. Ils souhaiteraient que l'État finance écoles publiques et écoles libres en proportion de leurs effectifs. Ce financement par l'État a été refusé pendant toute la Troisième République. Il n'a trouvé un accueil favorable que sous le régime de Vichy.

Que ce soit les organisations laïques, les évêques de France, le MRP ( dominante catholique...), tous veulent sauvegarder la '' paix scolaire'' ; mais y a t-il une paix sans justice ? La paix existe t-elle sans la liberté ?

Politiquement, si le camp de l'école libre s'oppose au camp laïque, Radicaux et MRP peuvent se diviser, le RPF peut s'abstenir et une grève des instituteurs n'est pas exclue. A l'ouest du pays en particulier, on ne craint pas de répondre par la grève de l'impôt, et tout ceci à la veille de la campagne pour les législatives de juin 1951.

Lancelot note que l'Assemblée des cardinaux et des évêques de France, est divisée, sur la question de l'action pratique et politique et souhaitent la dissocier des ''principes doctrinaux''...

Que craignent les partisans de la laïcité ? - Beaucoup d'entre eux pensent que l'Eglise a partie liée avec les forces conservatrices de la société, avec des connaissances du domaine de la croyance, alors que l'Ecole doit rester dans le domaine de la raison. Ils relèvent, également, que ce serait encourager toutes les autres confessions à réclamer leurs écoles ; et en Algérie par exemple, empêcher le rapprochement des divers éléments de la population.

Les évêques de France parlent de violation de la justice scolaire, puisqu'elle concerne la liberté de l'enseignement religieux. D'autre part, l'Etat peut très bien être laïque et permettre un enseignement chrétien : il suffit que son enseignement à lui demeure laïc, c'est à dire au-dessus des divergences confessionnelles.

Le contexte des élections législatives de Juin 1951, est lié aux soucis de pouvoir d'achat et d'inflation, à la question scolaire, et bien sûr à la guerre d'Indochine fortement contestée par le PCF. La ''Troisième force'' ( alliance de: la SFIO, les modérés, le MRP, le Parti radical et l'UDSR.) reste majoritaire 50,9%, le RPF a 21,7% et le PCF, 25,9%.

Le gouvernement ( Pleven) ne propose pour le moment que d'octroyer aux élèves des écoles privées le bénéfice des bourses d'enseignement... Les opposants répondent que ce serait tout de même une façon de subventionner ces écoles...

Une majorité au sein de l'Assemblée nationale semble exister en faveur du soutien des écoles libres.

Finalement, les lois scolaires dites " loi Marie " et " loi Barangé ", sont votées le 21 et le 28 septembre 1951. Elles accordent une modeste aide à l'enseignement privé.

La loi Marie admet les élèves des établissements privés au bénéfice des bourses de l'Etat et la loi Barangé octroie une allocation trimestrielle pour chaque enfant fréquentant l'école primaire publique ou privée. Pour les élèves de l'enseignement public, l'allocation est versée à la Caisse départementale scolaire, gérée par le Conseil général, lequel assure la répartition des fonds.