Le point de vue anti-communiste, est ancré dans le stalinisme, avec le soutien sans faille du PCF, et son secrétaire national Maurice Thorez qui conduit le culte de Staline.
La personnalité qui est la plus consciente des dangers d'une idéologie qui se cache derrière la défense des opprimés est Raymond Aron. Déjà avec avec le nazisme ; il prend conscience que chaque système totalitaire se présente comme une " religion séculière ". Pour ce qui est du communisme, dès avant la guerre, il remarquait qu' " en dépit de Staline, à cause de Hitler, nous inclinions à mettre le communisme du bon côté de la barricade. "
A Londres, Aron a entendu parler les polonais des massacres de Katyn : en 1940, 4000 officiers polonais furent exécutés d'une balle dans la tête, par les agents du NKVD ( police politique soviétique). En 1944, il constate la tentative d'hégémonie soviétique sur une partie de l'Europe. En 1945, il envisage sous le titre " La chance du socialisme ", la perspective d'une alliance entre le libéralisme politique et le socialisme démocratique. Il dénonce " par voie d'autorité un socialisme d'État. ", et estime qu' " un socialiste partisan de la famille occidentale s'oppose à un communiste dévoué au destin de l'Union soviétique "
En novembre 1946 devant les élèves de l'ENA ( Perspectives sur l'avenir de l'Europe) Aron rejetait une fois de plus le modèle soviétique : " Quoi que l'on pense du communisme, ce n'est pas un rêve, c'est un cauchemar "
Aron s'interroge sur la participation des communistes à un gouvernement pluraliste : peut-on rejeter " ceux qui ne songent qu'à le détruire ? L'anticommunisme finira peut-être, entraîné par sa logique, par détruire la démocratie. La non-résistance au communisme la détruirait plus sûrement encore. "
Comme religion séculière, et parce que " le marxisme est une hérésie chrétienne. ", le communisme est " l'incarnation actuelle de l'anticatholicisme ", et " se pose en Eglise rivale. "
Début des années 50, par ses contacts avec Rome, Lancelot comprend que le but des soviétiques serait d'utiliser, en France en particulier, l'institution de l'Eglise pour détruire la foi populaire. Il s'agirait de la stigmatiser comme oppressive, autoritaire, emplie de préjugés et arrogante afin que le clergé n'ait pas d'autre choix que de l'ouvrir au monde et affaiblir l'institution romaine.
Derrière le rideau de fer, le clergé catholique est persécuté, le plus souvent accusé d'espionnage.
Cette prise de contrôle soviétique est à l'œuvre en Pologne. Boleslaw Piasecki , un ex-agent nazi, a lancé le réseau Pax, un service de propagande soviétique, dirigé par un prêtre orthodoxe et colonel du NKVD, Vassili Gorelov qui contrôle l'ensemble des publications religieuses polonaises et diffusent une pensée ''progressiste''... Gorelov aurait mis en place à Lviv en Pologne, une école de formation religieuse pour ''faux prêtres'' ?
L'objectif est aussi d'étendre l'influence de Pax en dehors du monde communiste, en France notamment. L'abbé Jean Boulier, en 1946, avait emmené Emmanuel Mounier en Pologne, en vue d'une collaboration entre Esprit et Pax.
Après la création de l'OTAN ( avril 1949) pour " la sauvegarde de la liberté et de la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires. " par douze pays occidentaux, dont la France. Lancelot apprend la mise en place par les Américains et les Britanniques de réseaux appelés "Stay Behind", destinés à réagir en cas d'invasion soviétique, pour mener la résistance, et dépendant de la CIA, et du MI6. En Italie, un réseau similaire serait sous la supervision du ministre de l'intérieur. Il est censé rester passif et s'activer en cas de danger. Il pourrait agir également en cas de "subversion interne", comme empêcher le Parti communiste italien (PCI) de former un gouvernement.
Lancelot prend ses renseignements auprès des diplomates qui se doivent de répondre aux différentes sollicitions tels que les réceptions, événements ; mais aussi auprès de nos services de renseignements qui traitent avec le Vatican, en particulier dans ce contexte de guerre froide.
Aristocrate, Wladimir d'Ormesson, est au cœur d'une vie mondaine romaine ( ancrée Villa Bonaparte) qui contraste avec la progression du communisme en Italie et à l'étranger ; par exemple, il sert d'intermédiaire entre une certaine ''noblesse pontificale'' et l'Ordre de Malte. L'ambassadeur se définit comme d'Eglise, qui a la confiance des évêques, et se veut le porte-parole de l'Église de France. " Il devient paroissien de Saint-Louis-des-Français, il reçoit à genoux la bénédiction du pape quand il le voit, il choisit un confesseur, communie et se confesse souvent. Il admire aussi la grandeur des rites romains. " ( Thèse de Sophie Gauthier )
Émouvant, ce que l'ambassadeur raconte à Lancelot, à propos de la messe de padre Pio, à laquelle il avait assisté : " Je le dis parce que c'est la vérité, jamais de ma vie je n'ai assisté à une messe aussi bouleversante. Et cependant toute simple. Le Padre Pio n'agissait que selon les rites traditionnels. Mais il récitait les textes liturgiques avec une telle netteté et une telle conviction ; il se dégageait de ses invocations une telle intensité ; ses gestes, si sobres qu'il fussent, étaient d'une telle grandeur que la messe prenait je ne sais quelles proportions et devenait - ce qu'en réalité elle est et ce que précisément nous avons trop oublié qu'elle est - un acte absolument surnaturel. " ( Wladimir d'Ormesson - Le Figaro, 28-29 septembre 1968. )
Mais, d'Ormesson, lui-même se plaint de n'avoir qu'un Mgr Montini, avec de grandes qualités mais sans pouvoir, ou Mgr Tardini proche de l'Opus Dei, comme interlocuteurs. Tardini est un expert en relations internationales. L'ambassadeur joue de passer de l'un à l'autre, pour arriver à ses fins.