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1952-54 - La Communauté européenne de Défense ( CED)

Publié le 26 novembre 2023 par Perceval

A ce jour, relevons quelques questions politiques que le gouvernement français se posent quant à la construction européenne, et face au danger d'une suprématie soviétique en Europe...

1952-54 - La Communauté européenne de Défense ( CED)

Faut-il laisser l'Allemagne se réarmer ?

Faut-il garantir la sécurité de l'Europe par les Etats-Unis ?

Faut-il envisager une Europe de la Défense, comme il existe une Europe de l'acier et du charbon ?

En 1950, Churchill se montrait favorable à une participation allemande à la défense européenne, par la création d'une armée européenne. Mais la France restera déçue par la position britannique, qui refuse l'idée de placer ses troupes sous un commandement unique, non britannique ; et rejette toute initiative européenne de caractère fédéral.

La France s'engage dans un choix européen, alors que les britanniques choisissent la coopération avec les États-Unis, et craignent une Europe " supranationale ".

En 1951, à Paris, débute une Conférence sur la création d'une Communauté européenne de Défense (CED). Il s'agit d'un '' projet de création d'une armée européenne, avec des institutions supranationales, placées sous la supervision du commandant en chef de l'OTAN, lui-même nommé par le président des États-Unis.'' ( wiki). Avec René Pleven, la France est à l'origine de la démarche.

En mai 1952 : le traité est signé à Paris, mais il doit être ratifié par les parlements nationaux des différents pays signataires ( France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Italie).

Raymond Aron, note alors que " Sur la CED se déchaîna la plus grande querelle idéologico-politique que la France ait connue depuis l'affaire Dreyfus "

Une forte opposition s'organise chez les communistes, les nationalistes, inquiets d'une perte de souveraineté ou d'une remilitarisation allemande, et les neutralistes.

Le pape Pie XII, lancent des appels pressants à soutenir le projet européen et la CED. Au point, où le Grand Orient de France dit craindre " une Europe vaticane, instrument de restaurations politiques et religieuses. "

1952-54 - La Communauté européenne de Défense ( CED)
Pierre Mendès-France ( 1907-1982)

Pendant ce temps, la politique d'un Pierre Mendès-France (PMF), apparaît comme le seul recours.

En effet, cet été 1954, l'Empire français rend l'âme, en Indochine, l'échec de Dien-Bien-Phu (7 mai) nous accule à négocier la paix. La rébellion s'étend en Afrique du Nord. Moscou et Washington, intriguent pour une Europe à leur souhait.

P. M. F. a 47 ans, il reçoit l'investiture du Président Coty et dirige le gouvernement français entre le 18 juin 1954 et le 5 février 1955. François Mitterrand est son ministre de l'intérieur. PMF négocie directement avec le Viêt Minh, et le 23 juillet, l'assemblée nationale approuve les accords qui clôt la guerre d'Indochine ; mais devra démissionner - 9 mois plus tard ..! - sur la question algérienne.

La religion de Mendès, c'est la politique. Pour le reste, il s'affiche non-croyant.

Alors que surviennent, un grave accident de santé du pape et, en France, une campagne de presse, soutenant " la rébellion des prêtres-ouvriers " dont l'article de François Mauriac; Mendès-France se rend à Rome les 11 et 12 janvier 1955. Il rencontre les dirigeants italiens et le pape Pie XII, qui a tenu à le recevoir malgré ses problèmes de santé. Le président en sort bouleversé ; aux quelques personnes qui l'ont accompagné dont Lancelot, il confie : " A présent je comprends ce qu'est la grandeur ! ". Il constate que le pape est au courant, avec précision et compétence, des sujets qui préoccupent les français.

La rencontre avait été bien préparée et Lancelot entend que les prélats ont reconnu dans le Président du Conseil français, un homme de bonne volonté, alors que d'Ormesson était sceptique...

Lancelot dit de lui qu'il était têtu, et qu'il pouvait être cinglant ; avec ses proches, Mendès-France était peu conciliant, et sa politique de gauche ne souffrait pas de s'accorder au centre. Son successeur - aussi du Parti Radical - Edgar Faure (1908 - 1988), est son opposé.

Une chose que nous retenons de PMF, c'est '' le verre de lait ''qu'à dix heures tous les élèves boivent, distribué dans les écoles pour lutter contre la dénutrition et l'alcoolisme.

1952-54 - La Communauté européenne de Défense ( CED)

Le 30 août 1954, Pierre Mendès-France demande à l'Assemblée Nationale de se prononcer sur la ratification du traité sur la création d'une Communauté européenne de Défense(CED).

Les démocrates-chrétiens du MRP, déjà favorables à l'Europe des Six, sont pour. Les gaullistes et les communistes votent contre, les radicaux et les socialistes sont partagés.

- La CED est rejeté par l'Assemblée nationale française par 319 voix contre 264.

L'échec de la CED, va précéder l'éloignement de Mgr Montini ( futur Paul VI) nommé à Milan ( décembre 1954) , acquis par le parti romain, hostile à sa politique de dialogue avec l'Est.


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