<< Poésie d'un jour
Photo de G.AdC
Que le vent se lève
et les oiseaux se taisent
et se figent sur le chant
chœur suspendu
à l’infinie portée du branchage
retiens ton souffle
que les oiseaux chantent
et le vent s’apaise
et écoute en sourdine
amoureux transi niché
au cœur roux du feuillage
retiens l’automne
Dans la forêt du Luberon
là-haut
sur le plateau
tu rencontreras des cèdres immenses
qui hurlent au vent sombre
certains jours d’automne
ces cochers hystériques
fouettent et carrossent par-dessus les sentiers
le ciel d’orage
dans la noirceur du sous-bois
un rouge-gorge
Peu avant l’orage
le joran pulse au travers des frênes jaunis
il sème des vortex
invisibles et éphémères
où s’engouffrent
en tourbillonnant les yeux fermés
les lourds pigeons ramiers
seras-tu capable d’autant d’audace et de fulgurance
pour rejoindre une autre dimension
de ton jardin
Laurent Thinès, «Vents d’automne » in Le souffle et la sève, Poésie, Création graphique Monique Lucchini, Éditions Musimot, 2023, pp.31, 32, 33