Magazine Journal intime

Ombres de la nuit et lumière du matin

Publié le 16 décembre 2023 par Claudel
Elles se faufilent comme des ombres errantes
Le jour, je les chasse, je les évite, je les contourne, je les rejette
Jusqu’à l’oubli
Je me retiens d’en parler
Je me retiens de les laisser venir
Je les fais taire comme on chasse des moustiques piqueurs
Pendant le sommeil ou la somnolence
alors que je suis seule
qu’aucun travail
qu’aucune activité
qu’aucune personne
qu’aucune opinion ou commentaire
qu’aucune nouvelle
ne me force à l’action, ne m’entraîne dans la quotidienneté, ne me distrait, ne m’oblige au devoir
elles reviennent comme des couleuvres, pire, des serpents venimeux.
Ombres nuit lumière matinElles insistent, persistent, sifflent, courent, dessinent, parlent...ces ombres, mes ombres que sont...
les pensées noireset avant elles, les pensées de la maladie
celles de la solitude aussi
et après elles, les pensées de la mort.
Celles que j’ai fait taire, que j’ai retenues dans la journée
quand j’ai eu mal aux genoux en me levant
quand j’ai eu un petit vertige en marchant d’un pas chaloupé
quand j’ai vu une tache brune sur mon visage
quand j’ai eu mal à la gorge
quand j’ai senti une boursouflure sur un sein
quand j’ai vu les grands pins plier sous le vent
quand j’ai senti une odeur de surchauffe
quand le téléphone a sonné
quand j’ai cherché mes mots
quand je n’ai pas su dire non
quand j’ai haussé le ton
quand je n’ai pas osé dire je t’aime
quand j’aurais voulu entendre je t’aime
Ombres nuit lumière matin
Mais
avec moi, il y aura toujours un « mais », je puis compter sur lui
Depuis que le maïs est coupé
j’ai retrouvé mes soleils couchés
mon horizon dégagé
Le soir avant de m’aliter
je me plante devant le grand champ blanc l’hiver, vert l’été
j’implore le soleil d’accueillir mes troublantes pensées et de les emporter
et de me les rapporter le lendemain matin, toutes belles et sans anxiété.
Que reviennent les pensées joyeuses
sinon optimistes au moins réalistes
que la force, le courage, la patience gagnent
que l’amour l’emporte
de moi, de toi
de la vie.

Retour à La Une de Logo Paperblog