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1954 - Les prêtres ouvriers

Publié le 30 décembre 2023 par Perceval

1954 prêtres ouvriers

Le gouvernement français s'inquiète, de ce que le Vatican considère comme les ''problèmes de l'Eglise de France'' ; en particulier celui des prêtres-ouvriers.

Cette expérience de la ''Mission de France'' afin de rechristianiser les milieux ouvriers et ruraux en France, concerne une centaine de prêtres qui ont laissé la soutane pour le bleu des ouvriers, et se confrontent à ce qu'ils nomment, ''l'exploitation capitaliste''. Le roman de Gilbert Cesbron, Les saints vont en enfer (1952) est un très bon livre qui reconstitue la vie d'un coin de banlieue industrielle, dans lequel un prêtre ouvrier doit trouver sa place.

En 1953 Le nouveau nonce apostolique à Paris, Paolo Marelle, qui succède à Giuseppe Roncalli ( le futur Jean XXIII), reçoit pour mission de mettre un terme à l'expérience des ''prêtres-ouvriers'', pour son imprégnation marxiste.

La Mission de France et son séminaire établi à Limoges, sont également tenus pour suspects.

1954 prêtres ouvriers

Lancelot, étudie les répercussions sur les milieux intellectuels et les politiques, qui s'intéressent à ces questions, alors qu'elle ne pourraient sembler qu'ecclésiastiques. Edmont Michelet ( RPF) s'inquiète des répercussions sur le prestige de la France ; des députés socialistes protestent contre " la convocation, par un nonce, des cardinaux français... ". Des catholiques français dénoncent l'ingérence dans l'Eglise de France : " Il s'agit de savoir si les évêques sont les successeurs des apôtres ou de simples préfets... " ( J. Lacroix, dans Esprit, décembre 1953).

Mauriac s'interroge: " peut-être... Il faudrait que des hommes mariés, s'ils sont ouvriers et saints, puissent être prêtres et distribuer le pardon et le corps du Seigneur à leurs camarades. " ?

Le 8 février 1954, sous la pression de Rome, une " purge " ( mot du père Congar) frappe les dominicains de France, soupçonnés, entre autres choses, d'inciter les prêtres-ouvriers à la résistance. Les trois supérieurs provinciaux sont " invités " à remettre leur charge, les pères Congar, Chenu, Boisselot et Féret écartés.

1954 prêtres ouvriers
Pretres-ouvriers-1953

Dans le Figaro du 16 février 1954, François Mauriac plaide " pour un nouveau concordat " qui protégerait l'Église de France contre les interventions désastreuses des congrégations romaines. Il plaide pour une reconquête spirituelle dans des milieux où l'Église est discréditée. Il juge que le prêtre de Gilbert Cesbron ( Les Saints vont en enfer) est plus accordé au monde tel qu'il est ; que celui de Bernanos.

" S'il faut choisir entre l'efficacité apostolique et l'intégrité sacerdotale, je choisis l'intégrité sacerdotale. " répond Pie XII

Tout au long de cette crise, Lancelot est chargé d'organiser des rencontres ( secrètes) entre le gouvernement français et le Saint-Siège. Robert Lecourt ( 1908-2004, député MRP), Alfred Michelin et Mgr Jean Villot (1905-1979) sont chargés de négocier, en tenant compte de la question de l'enseignement privé. Georges Bidault souhaiterait même un ''Concordat''.

En décembre 1953, un texte, un memorandum est prêt : il concerne entre autres, la nomination des évêques, l'Ecole avec un régime souple mais complexe, de coopération substitué à la loi Barangé. la représentation du Saint-Siège en France, ..etc.

Le document est remis par notre ambassadeur à Mgr Tardini le 8 janvier 1954.

Le 1er mars 1954, prend fin officiellement, l'expérience des ''prêtres-ouvriers''.

Un problème de santé du pape, la ''rébellion des prêtres-ouvriers'', une campagne de presse ( l' article de François Mauriac), l'arrivée au pouvoir de Mendès France en juin, empêchent la négociation autour d'un ''concordat'' de se poursuivre ; elle devra attendre 1956, pour que le Président du Conseil Robert Lecour et Lancelot organisent des séances de travail, dans lesquelles s'investit Guy Mollet.

En mars 1957, Lecourt et Michelin rencontrent Mgr Tardini, pour qui le texte soulève trop de questions, " trop de principes qui ont valeur générale pour l'ensemble de la catholicité ". Après la chute de Guy Mollet, le 22 mai 1957, les présidents suivants se désintéresseront de la majorité des autres questions religieuses, pour s'attacher à la question scolaire.


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