L2024. Arrêtons le massacre.

Publié le 26 janvier 2024 par Rolandbosquet

Ciel bouché jusqu’à tierce, maigre soleil ensuite, masqué par un fil de nuages qui s’épaississent dès none. Températures ressenties, comme ils disent, en-dessous des normales saisonnières la nuit et au-dessus à sixte. Où est le paradis promis par le réchauffement climatique ?

Certains paléontologues s’accordent toutefois à penser que la notion de jardin d’Eden ne relèverait peut-être pas de la légende biblique. Des climatologues estiment en effet qu’il y a, environ, 3,5 millions d’années, la région du Botswana actuel aurait pu correspondre à l’idée que l’on s’en fait. Hélas, une modification du climat aurait pu pousser ses premiers occupants à émigrer vers des terres plus hospitalières. C’est à cette période en effet que l’on trouve les plus anciens outils de pierre qui impliquent une mutation dans les pratiques. Les généticiens estiment quant à eux que c’est à cette même époque que les hominidés qui donneront par la suite naissance au genre Homo, se séparèrent en deux branches. Ceux que l’on appellera bien plus tard les Homo Erectus puis Sapiens se seraient dirigés vers le nord-ouest, l’actuel Angola, et ceux dits Paranthropes vers l’est et l’actuel Zimbabwe. L’humanité que nous connaissons aujourd’hui descendrait des premiers, nomades chasseurs-cueilleurs toujours en quête d’une herbe plus verte ailleurs et, surtout, de nourriture pour survivre. Les seconds, demeurés attachés à leurs habitudes de grands singes, auraient continué à se nourrir de fruits, de feuillages et de racines. Les rares traces qui ont pu en être étudiées, notamment des dents qui ont permis de reconstituer leur régime alimentaire, ne descendent pas au-dessous de 2,5 millions d’années. En un mot, ils auraient totalement disparu.

Or, certains humains d’aujourd’hui semblent vouloir reconstituer cette population et militent ardemment pour que leurs recettes reviennent au goût du jour. D’où le fameux slogan des cinq fruits et légumes. Mais c’est oublier, d’une part, que cette lignée de végétariens a jadis été purement et simplement éliminée par la nature elle-même et, d’autre part, négliger les souffrances imposées à ses fruits pour le plaisir futile d’être à la mode.

Il faut en effet rappeler que les légumes, par exemple, sont aujourd’hui brutalement arrachés à leur terre nourricière dès avant le lever du jour sans qu’il ne soit jamais tenu compte de leur période de repos ou en plein soleil alors qu’ils se gorgent avec gourmandise de lumière et de photosynthèse, brutalisés à coups de bêche, de fourche ou de couteau à la lame plus ou moins rouillée quand ce ne sont pas des mécaniques insensibles et sans âme, entassés dans des cageots eux-mêmes entassés par milliers dans des camions réfrigérés et enfermés de longues heures dans l’obscurité, brinqueballés par tous les temps d’un entrepôt à l’autre, jetés sans ménagement sur les étals des marchés dans le froid piquant de l’hiver ou jetés en pâture dans des présentoirs à la vue concupiscente des ménagères, estimés, tâtés, soupesés, rejetés ou enfournés dans des sacs en plastique puis dans des "caddies" ou des cabas, déposés sans ménagement sur des paillasses de cuisine, épluchés pour en ôter la peau protectrice ou les éléments fanés, défraîchis ou simplement détériorés par toutes ces manipulations, lavés sous l’eau javélisée du robinet, coupés, divisés, sectionnés, morcelés, tranchés, taillés, émincés, hachés puis plongés sauvagement dans l’eau bouillante d’une cocotte ou d’une casserole avec une pincée de sel ou dans l’huile de colza d’un wok au polytétrafluoroéthylène, retournés, malaxés, mixés et déposés platement dans des assiettes en guise de vulgaire garniture à une belle tranche de faux-filet ou à une cuisse de poulet de Bresse puis distraitement ingérés entre deux gorgées de Château-Brion 2017, mâchés, broyés, écrasés, avalés et mélangés à d’affreuses potions soi-disant énergétiques à base de plantes pour faire authentique, digérés par les terribles acides chloridriques qui les brisent, les cassent, les disloquent, les désarticulent, jusqu’à les réduire à de rudimentaires nutriments qui seront plus ou moins bien absorbés par des organismes affamés avant de se voir rejetés, exsangues et anémiés, avec les selles dont les circuits ...

Voilà, en un mot, le sort peu enviable qui attend poireaux, laitues, carottes, choux, salsifis, et autres pommes de terre et topinambours lorsqu’ils ont la malchance de tomber entre les mains des êtres humains. Alors, de grâce, arrêtons le massacre !