Jennifer Grousselas | Il nous fallait un chant

Publié le 31 janvier 2024 par Angèle Paoli

<<Poésie d'un jour

                                                  La lave dans la mer  →  (Photos:  C.  Grandpey)

   Jouxtant la mer je sais les montagnes qui se joutent
s’ébranlent et qui dansent

   Sous mes pieds la caresse de la cendre jouxtant les mon-
tagnes de sang de la mer à la chevelure hirsute sanglante

    Et sur mon cœur mort sur le soir perdu sur ma vie qui
s’achève, se met remuer comme l’oiseau-nuit

    La touffeur me griffant par saccades dans ma gorge la lave
mugit révolte sur la vie qui m’achève je sens en moi ven-
geance monter naissante grandir, tourner gutturale râler-
mugir

    Et la mer sans mesure où je baignai mon corps nouveau,
la mer dans son bain mouvant m’éclabousser mer d’écume
noire au goût de sang, la mer seule m’offre ses signes reculant
ses barrières de sel la mer m’appelle

    Révolte sans mesure la mer m’approuve m’ouvrant pour

    m’appeler vengeance sans mesure

    Œuvrer

    Par le bec de l’oiseau-nuit ses serres, par l’élan de tire-d’aile,
au nom des frères de sacrifices à venir, au nom de la boue
sur les yeux fermés par le jour abattu, pour la fin du nom qui
fut d’abord mien

    Par seul amour restant de la mort je ferai œuvre

    Et dans l’achèvement du temps qui se signe
nuit de la nuit véritable
après les derniers mots que je saigne les mots
n’auront plus jamais place

    Fin de l’enfance mauve
bleus sombres sur mon âme et neuve violence

                                       

Jennifer Grousselas, « Fin de l’enfance » in Il nous fallait un chantCollection dirigée par Nimrod,
OBSIDIANE, 2024, pp.45,46.

JENNIFER  GROUSSELAS 

Photo: © Valérie Teppe

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