Magazine Journal intime

Le Rossy deux étages

Publié le 10 février 2024 par Barbu De Ville @barbudeville

Ce billet va rappeler des souvenirs aux 40 ans et plus et pour les autres ça sera l’occasion de faire un petit voyage dans le temps.

Je vous parle aujourd’hui de l’époque du Rossy à deux étages sur la rue principale, là où est située aujourd’hui la pharmacie Jean Coutu.

Pour moi, petit monstre à batterie au bec sale du petit Canada, ce magasin était le summum du summum. C’ était mon Walt-Disney. J’étais convaincu que si le paradis existait, il y aurait sûrement là-bas un Rossy deux étages.

Je me souviens très bien de l’année 1983 et pour cause c’est l’année où mon père a perdu sa job de vidangeur et son truck la grosse Berta.

En 1982 ma famille est devenue une statistique de l’aide sociale dans le comté d’Argenteuil. Fini les magazines de lutte, fini les magazines de Marvel, Spider-Man, Capitaine America, etc.1983 c’est le début de la fin de notre petite famille.

Ce temps des fêtes là, je me rappelle de voir ma vieille mère pleurer en silence parce qu’elle n’avait pas une cenne pour nous acheter des cadeaux de Noël. Comment elle a fait, je n’ai aucune idée pour acheter des cadeaux cette année-là? Sûrement avec du recul un emprunt d’argent avec pourcentage d’un bonhomme Untel.

Je ne sais pas pour vous, mais ma vieille mère à moi n’a pas inventé la subtilité. Elle me montrait le catalogue Sears de chez ma tante Loulou et me demandait ce que le père Noël pourrait choisir pour moi et elle m’apportait aussi au Rossy deux étages de la rue principale et on faisait la même chose qu’avec le catalogue de ma tante Loulou.

Au sous-sol du Rossy, il y avait un restaurant! Oui un resto au Rossy c’était l’époque comme au Zeller et ‘’su’’ Sears! J’ai encore aujourd’hui en mémoire l’odeur de ‘’pétaque’’ sauce, de (steamé), de hamburger steak c’était de la bouffe réconfortante ou comme disent les hipsters aujourd’hui du ‘’comfort food’’.

Cette fois-là, ma mère Mado avait gagné à la loterie du bonhomme Untel, je crois. En plein cœur de décembre, musique dans les haut-parleurs accrochés au poteau, guirlandes de circonstance à la grandeur de la rue principale, décoration partout où il était possible de décorer et de bonne bordée de neige dans mes souvenirs.

Au resto du Rossy, j’avais mangé un excellent hamburger Steak et j’avais bu un petit coke en bouteille, moi le petit singe à batterie. J’étais choyé, heureux, rempli jusqu’au bouchon. Ma mère souriait en fumant une cigarette Markten. La boucane se mélangeait à l’odeur de la friture.

Une fois le ventre plein et la tête pleine de souvenirs, j’allais voir la fameuse section de bébelles, cette section qui a fait rêver tant d’enfants. J’imaginais qu’on fermait les portes du magasin et qu’on m’avait oublié à l’intérieur. Ne pas dormir de la nuit et jouer avec toutes les bébelles, mais ceux pour les filles.

Section inventée au paradis c’est certain, Tonka, Slinky, Perfection, Big Wheel, opération, GI Joe, le bonhomme élastique qui était un genre de bonhomme Untel, mais plus drôle.

Cette journée-là, une révélation devant moi, une illumination, un mirage dans le désert pourtant je n’étais pas sur la côte de sable.

J’étais devant la section figurine de lutte et je manquais de souffle.

Il y avait même un ring de lutte, mais déjà ma mère m’avait avertit qu’elle n’avait pas assez d’argent pour acheter le ring qui j’imagine à l’époque coûtait à lui seule une petite fortune.

Subtilement, elle m’a dit que le père Noël pourrait m’apporter quatre lutteurs cette année! Je savais donc qu’en 1983 mon cadeau de Noël serait quatre bonshommes de lutte et j’en étais très heureux.

J’ai choisi le nouveau champion du monde Hulk Hogan qui venait de remporter la ceinture au Madison square garden de New York contre Iron Sheik et il avait autour de la taille la ceinture de champion, petit objet facile à perdre, mais pas dans mon cas, car je n’étais pas un enfant brise-fer, je faisais attention à mes bébelles.

Mon deuxième choix justement est Iron Sheik et ses drôles de bottes aux bouts retroussées.

Mon troisième choix est évidemment André le géant dans ses belles culottes bleues et mon dernier choix un autre géant dans ses belles culottes blanches avec des étoiles bleues Big John Studd.

J’ai usé ses bonhommes comme jamais j’ai usé des jouets, mes bébelles préférées à vie même en avant de ma table de hockey du Canadien contre les champions de la coupe Stanley Les Islanders de New York. À noter que l’année d’ensuite j’ai eu le ring.

Ma mère Mado, Iron sheik, Hulk Hogan, le Rossy deux étages, la neige, le Madison square Garden comme emmitouflé dans mes beaux souvenirs comme ses boules de noël en verre qu’on brasse une fois de temps en temps.


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