Tranches de vie chez Carrefour

Publié le 21 août 2008 par Emanu124

Aujourd'hui, je recycle...

PUUUURKEWAAAHH, criez-vous en tendant vers moi vos petites mains diaphanes et crispées dans un geste suppliant et désespéré ?

Parce que, vous réponds-je :

1. J'ai re-vécu à quelques virgules près la même chose aujourd'hui - Sounie aussi d'ailleurs -

2. Je me suis fait depuis la rédaction de cette note quelques jeunes cop's primesautier(e)s et mutin(e)s que cette petite chose devrait intéresser

3. J'ai une énorme flemme qui m'empêche de rédactionner

4. Les notes à Manu, c'est comme les plats en sauce, c'est meilleur réchauffé...

Or donc,

TRANCHES DE VIES CHEZ CARREFOUR - OU CHEZ CAROUF' comme disent les autochtones du 9-3

Comme toutes bonnes ménagères de moins de cinquante ans (salut les filles !), nous avions décidé avec ma copine Caroline d'aller faire quelques menues emplettes utilitaires chez Carrefour lors de notre pause déjeuner.

Après un frugal repas, nous pénétrons dans cet accueillant édifice. Caroline étant légèrement enceinte sur les bords, je lui propose, dans un mouvement irrépressible de charité spontanée, de bénéficier de ma carte Pass.

Note préliminaire importante dont vous devez vous souvenir pour le reste de cette histoire, la carte Pass, octroyée par nos amis commerçants de Carrefour contre espèces sonnantes et trébuchantes, est sensée vous ouvrir des caisses du même nom, vous évitant par là même de perdre du temps à faire la queue avec le commun des mortels. Un genre de carte VIP, quoi...

Nos emplettes effectuées, nous nous dirigeons donc d'un pas guilleret, mais néanmoins décidé vers une caisse Pass. Devant nous, 2 personnes: une petite dame d'un âge certain à mise en plis rose-violette et boucles d'oreilles dorées et un monsieur relativement pressé venu chercher son déjeuner sous forme d'un sandwich et d'un gâteau. L'affaire de quelques minutes pensions-nous et pensez-vous également à ce stade de l'histoire.

QUE NENNI. Car, il faut le savoir,  je suis poursuivie depuis mon enfance par la malédiction de la caisse damnée.

Autrement dit, je choisis toujours la mauvaise file.

La petite dame âgée à mise en plis ayant fini de passer ses achats à la caisse sort sa carte Pass et la met dans la machine dédiée à cet usage. Elle tape le code une fois, deux fois puis dit "je ne m'en souviens plus".

Consternation de la caissière.

A ce stade, le monsieur pressé commence à blanchir. Quant à nous, à mi-chemin entre agacement et fou rire, nous commentons la situation et  je commence à marmonner "kiki, kiki", en référence à la publicité pour une banque où l'on voit une vieille dame légèrement alzheimer, bloquée dans la même situation à une caisse de supermarché, appeler son cocker pour lire son code tatoué derrière l'oreille du susdit toutou,dont le nom est Kiki.

Sauf que dans notre cas, point de Kiki salvateur...

Et 20 minutes plus tard nous en étions toujours au même stade. Car entre temps :

  • La petite dame avait définitivement bloqué la machine Pass.
  • La caissière décomposée lui avait proposé de payer en carte bleue
  • Elle lui avait répondu en chevrotant qu'elle n'en possedait pas (bien évidemment, cette septuagénaire irresponsable, ne peut se voir confier une carte de crédit), mais qu'elle avait un chéquier.
  • La caissière avait appelé sa responsable au téléphone. Qui après cinq bonnes minutes de palabres africaines l'avait autorisé à percevoir un chèque
  • La petite dame avait donc rempli le chèque en tremblotant et assez lentement sous le regard mi-consterné, mi-assassin de toutes les personnes présentes
  • Le chèque, comme vous pouvez vous en douter, ne passait pas dans la machine, puisqu'il s'agissait à l'origine d'une caisse RESERVEE aux cartes PASS (vous suivez toujours ???)
  • Re-palabres africaines avec la responsable au téléphone pendant cinq bonnes minutes. Qui, finalement, a indiqué dans une lueur d'intelligence inespérée qu'il fallait mettre un tampon encreur pour que la machine à chèque fonctionne.
  • Re-appel pour faire venir une patineuse à roulettes avec le dit tampon encreur
  • La petite dame avait dit "Ah je crois que je me souviens du code" , ré-essayé et, comme vous pouvez vous en douter re-bloqué instantanément tout le système.
  • La patineuse à roulette était arrivée pour installer le tampon encreur, encore cinq minutes le temps de trouver comment marchait ce miracle de la technologie moderne.
  • Au final, passage - enfin - du chèque
  • Et re-appel de la responsable pour valider le chèque.

Et pendant ce temps,

  • la caissière avait pris 10 ans d'un coup,
  • le monsieur pressé était passé du blanc au vert,
  • la caisse d'à côté avait subi une tentative de braquage avec la caissière qui hurlait AU SECOURS et les vigiles qui plaquaient le délinquant au sol dans un fracas épouvantable (véridique) + hurlements des personnes environnantes ce qui a considérablement ralenti les manoeuvres environnantes, dont la nôtre,
  • ma Caro se liquéfiait totalement
  • et moi je hurlait KIKI, KIKI sur un mode hystérique en me balançant d'avant en arrière.

Au milieu de ce marasme total, la petite dame, vraisemblablement sourde comme un pot, ne bronchait pas d'une bouclette de mise en plis.

Finalement, au grand soulagement de la population présente (qui commençait à ramasser des objets contondants pour la lyncher) la petite dame fût enlevée à la vindicte populaire par la responsable apparue comme par magie pour valider le fameux chèque dans un recoin obscur du magasin.

Nous nous remettions tous à respirer normalement, le monsieur pressé avait repris quelques couleurs et s'apprêtait donc a payer son pauvre sandwich et son malheureux gâteau avec sa carte Pass. Puisque - j'espère que vous suivez toujours - nous sommes à une caisse du même nom.

Et là, le drame, le système informatique défuncte et la machine à carte Pass se bloque à nouveau. Le monsieur, qui avait adopté à nouveau la couleur verte, manque alors de s'étrangler et abandonne son pathétique repas sur le tapis roulant en criant "I'll be back" et ma Caro s'effondra en petits paquets sur le sol. Je décidai alors de prendre les choses en main et me mis à hurler PUTAIN BANDE DE GONZESSES OUVREZ MOI LA CAISSE PRIORITAIRE, J'AI UNE CIVILE ENCEINTE ICI, ET QUE CA SAUTE ! Une caissière, tétanisée par cette autorité militaire, bondit à pieds joints par dessus l'accueil, courut vers nous en criant "CHEF, OUI CHEF", et nous hélitreuilla enfin, nous et nos marchandises hors de cet enfer. Derrière nous résonnaient encore les cris des civils blessés et le fracas des armes à feu...

En conclusion, la fameuse carte Pass, sésame des sésame qui ouvre le nirvana de la consommation et du passage rapide en caisse, nous a coûté environ une demi-heure de notre précieux temps et a consommé un influx nerveux plus que conséquent.

Ah oui, dernier détail, Carrefour affiche quand même le panneau suivant aux caisse Pass : "passage en caisse en dix minutes maximum".

DEUUUUUHHHH....