La femme silencieuse de Ben Jonson

Publié le 22 août 2008 par Anaïs Valente

Nan, c'est pas moi, la femme silencieuse, vous vous en doutez...

Mais l'autre soir, j'ai été invitée au théâtre.  J'adore être invitée.  Et j'aime assez le théâtre.  Alors j'étais gaie comme un pinson après l'amour.

Etant donné que l'été indien a maintenant lieu en mai et les giboulées en août, je prévois de quoi me protéger.  Passque c'est une pièce en plein air, à la Citadelle de Namuuuur.  Joli cadre pour du théâtre.  Mais fait froid.  Alors j'ai revêtu un petit pull, sur lequel j'ai mis un gros gilet d'hiver, sur lequel j'ai enfilé mon gros manteau des frimas, sur lequel j'ai encore noué une chtite écharpe Strelli.  Ajoutez à cela de bonnes grosses chaussettes mauves, et le tour est joué.

Après une petite bouffe bien sympa, vous voilà en route vers les hauteurs de ma ville. 

L'accueil laisse présager de la suite : par petits groupes, nous sommes menées, au travers d'un souterrain sombre infesté par la peste, tenus à une corde, gousses d'ail en main.  J'en frémis encore.

Le décor est sobre et magnifique.  Il nous plonge dans un autre temps.  Durant l'attente, un spectateur me signale en riant que la pièce durera 3h30.  Je frôle l'évanouissement.  Passqu'en matière de théâtre, je suis difficile.  Il me faut être captivée pour ne pas m'endormir.  Alors 3h30...  Une organisatrice nous rassure : en réalité, le spectacle ne dure « que » 2h45.  Cela ne me rassure pas.

20h30, le pestacle commence.  Un peu lentement.  La musique est cependant entraînante.  Mais je crains le pire : m'assoupir.  Vu que je suis au premier rang, ça ferait très mauvais genre, non ?

Mes craintes se dissipent rapidement, au fur et à mesure que les personnages apparaissent et nous entraînent dans leur monde et dans leur vie.

L'entracte arrive sans crier gare, coupant un peu l'action, mais le spectacle recommence rapidement, pour se terminer en apothéose, par un dénouement surprise que j'avais soupçonné un bref instant, pour ensuite l'abandonner.

2h45 qui passent rapidement, finalement.  Des comédiens passionnés et passionnants.  De l'humour.  Des costumes tout mimis, qui permettent d'admirer les jolies cuisses gainées de tissus des comédiens, surmontées de culottes bouffantes et délirantes.

Un chouette moment que je vous conseille si vous êtes de passage à Namur avant la fin du mois.  Couvrez-vous et prévoyez un coussin moelleux : les bancs déprimeraient les fesses les plus rebondies (n'oubliez pas que je fais un mètre de tour du cul, mais il m'a fait souffrir, mon tout petit cul posé sur ce bois d'un autre temps, croyez-moi).

L'histoire : La femme silencieuse est une comédie de Ben Jonson, auteur de Volpone et contemporain de Shakespeare. Une comédie réunissant crétins, coquins et catins autour d'un misanthrope, misogyne : Maître Morose qui ne supporte pas le bruit et tombe sous le charme d'une belle qui a une qualité rare : elle se tait.

Infos sur http://www.citadelle.namur.be/