<<Poésie d'un jour
Никола́й Алексе́евич Заболо́цки
Kузнеɥик
Наcтанет денЬ, и мой забвенньɪй прах
Вернется в лоно зарослей и реɥек,
Ȝаснет мой ум, но в kвантовьɪx мираx
Oткроет крьɪлья маленький кузнеɥик.
Над ним, переcекая небоcвод,
Мельчайших звезд возникнут очертанья,
И он, раcправив крьɪлья, запоет
Cвой первьɪй гимн во cлаву мирозданья.
Довольcтвуяcь оcколком бьɪтия,
Oн не поймет, что мир его чудеcньɪй
Поcтроила живая мьɪcль моя,
Мгновенно затвердевшая над бездной.
Кузнечик --- дуреь! Ecли б он узнал,
Что вcе его волшебньɪе cветила
Давнɪм-давно подобием зеркал
Поэзия в проcтранcтвах отразила!
1947
Ηад морем
Лишь запах чабреца, cухой и горьковатый,
Повеял на меня – и эттт cонный Крым,
И этот кипариc, и этот дом, прижатый
К поверхноcти горы, cлилиcь навеки c ним.
Здесь море – дирижер, а резонатор – дали,
Концерт высоких волн здсь ясен наперед.
Здесь звук, задев скалу, скользит по вертикали,
И эхо средь камней танцует и поет.
Акустика вверху настроила ловушек,
Приблизила к ушам далекий ропот струй.
И стал здесь грохот бурь подобен грому пушек,
И, как цветок, расцвел девичий поцелуй.
Скопление синиц здесь свищет на рассвете,
Тяжелый винограчен прозрачен здесь и ал.
Здесь время не спешит, здесь собирают дети
Чабрец, траву степй, у неподвижных скал.
1956
Il grillo campestre
Verrà il giorno che le mie ceneri dimenticate,
torneranno nel grembo delle boscaglie e nei fiumi,
la mia mente si assopirà, ma in mondi quantici,
e un piccolo grillo le sue ali aprirà.
Sopra la sua testa nel firmamento,
una piccola stella sarà in formazione,
e il grillo, con le ali spiegate,
canta il suo primo inno allagloria dell’universo.
Contento di un frammento di essere,
non capirà che è meraviglioso il suo mondo
costruito sul moi pensiere vivente,
edificato sopra l’abisso, per breve tempo.
Grillo sciocco ! Se tu avessi scoperto
che tutte quelle magiche luci
c’erano una volta, specchi nelle profondità dello spazio,
quella poesia le avrebbe riflesse, le avrebbe dato uno volto.
1947
Sul mare
Solo quando il profumo del timo, secco e amaro,
mi si rivelò, questa dormiente Crimea
e questo cipresso e questa casa
a ridosso del monte si unirono per sempre con me.
Qui il mare dirige e fa cassa armonica, il suo suono riempe lo spazio,
qui il concerto delle onde alte è luminoso e in anticipio.
qui il suono sfiora gli scogli e verticale penetra in basso
e l’eco danza e canta fra gli scogli.
L’acustica in alto ha teso delle trappole,
fa arrivare alle orecchie il mormorio lontano dei getti.
Il gran chiasso delle tempeste è come colpi di cannone
e come un fiore sbocciò un bacio di fanciulla.
Uno stormo di cinciallegre qui cincia all’alba,
grappoli pesanti sono trasparenti e scarlatti.
qui il tempo non ha fretta, qui si radunano i fanciulli,
qui con il timo, l’erba della steppa, presso scogli immoti.
1956.
Nikolaj Zabolotskij in Kamen’, Rivista di poesia e di filosofia, n° 64, sous la Direction éditoriale d’Amedeo Anelli, 2024, pp. 90, 91 et 94, 95. Traduction en italien d'Amedeo Anelli.
Les textes rassemblés et traduits par Amedeo Anelli sont extraits de l'édition Nicolaj Zabolotskij Sobranie sočinenij v trëch tomach, Moskva, Chudožestvennaja literatura, 1983-84.
Le grillon des champs
Le jour viendra où mes cendres oubliées,
retourneront dans le giron des fourrés et dans les fleuves,
mon esprit s’assoupira, mais dans des mondes quantiques,
et un petit grillon ouvrira ses ailes.
Au-dessus de sa tête dans le firmament,
une petite étoile sera en formation,
et le grillon, ailes déployées,
chante son premier hymne à la gloire de l’univers.
Satisfait de son fragment d’être,
il ne comprendra pas qu’est merveilleux son monde
bâti sur ma pensée vivante,
édifié au-dessus de l’abîme, pour un temps bref.
Grillon bêta ! Si tu avais découvert
que toutes ces lumières magiques
existaient autrefois, miroirs dans les profondeurs de l’espace,
ce poème les aurait reflétées, leur aurait donné un visage.
1947
Sur la mer
C’est seulement lorsque le parfum du thym, sec et amer,
se révéla à moi, que cette Crimée endormie
et ce cyprès et cette maison
à l’abri de la montagne s’unirent avec moi pour toujours.
Ici la mer orchestre et se fait caisse de résonance, sa rumeur emplit l’espace,
ici le concert des hautes vagues est lumineux et premier.
Ici le son effleure les écueils et il pénètre vertical par en-dessous
et l’écho danse et chante entre les écueils.
L’acoustique au-dessus a tendu des pièges,
elle fait parvenir aux oreilles le murmure lointain des jets.
Le grand fracas des tempêtes est semblable à des coups de canon
et comme une fleur s’épanouit le baiser d’une jeune fille.
Ici zinzinule à l’aube une volée de mésanges charbonnières,
lourdes grappes transparentes et écarlates.
ici le temps ne presse pas, ici se réunissent les jeunes gens,
ici, avec le thym, l’herbe de la steppe, à côté des écueils immobiles.
1956
Traduction inédite de l'italien par Angèle Paoli
Nikolaï Alekseïevitch Zabolotskij (1903-1958) est l’un des poètes européens majeurs de langue russe du XXe siècle. Écrivain pour enfants et traducteur, il fut aussi poète. Ses premiers poèmes parurent en 1927 dans les revues littéraires de Leningrad. Avec ses amis - Igor’Batcherev, Boris Levin, Konstantin Vaginov - il fonda OBERIOU (acronyme pour « Association pour l’art réel ») qui fut l’ultime avant-garde des années Vingt. Avec une attention à l’objet qui, tenant compte de la physique de l’époque et d’une logique propre à la poétique, confirmait un nouvel et complexe horizon de connaissance du réel. Ses derniers recueils de poèmes furent publiés en 1948 et en 1957. Sa poésie, riche de philosophie et de réflexions sur la nature, est nourrie par l’étude des auteurs les plus divers. Zabolotskij doit aussi beaucoup aux théories contenues dans Biosphère, œuvre du minéralogiste et biochimiste Vladimir Vernadskij (1863-1945), ancêtre de l’écologie moderne.*
*Notice librement adaptée par Angèle Paoli à partir de la note bio-bibliographique d'Amedeo Anelli.