<<Poésie d'un jour
Lire tari et sanglot cessé,
les feuilles denses
au contour de la figure
signifient que l’ordre révolu
s’est retourné : la parenthèse
(ce seul signe)
ne sera plu fermée.
Si haut qu’il neige,
reste un nuage nomade.
Il passe et, merveilleuse
symétrie, n’est pas coupé.
Que lire ?
S’il faut tendre et donner
la moitié de ce monde,
ce nuage est nôtre.
Posé
sur les feuilles des hêtres,
il s’expose
farouchement,
pris dans le ferment du ciel.
(En signe de reconnaissance.
(Où s’ouvre le ciel
rien ne pourra le clore.
Dans l’azur battant
le nuage entier,
la pluie, irrémédiable
-traversière.
Depuis longtemps tes yeux ont quitté le nadir.
Dans le bois tu t’orientes.
Tu sais qu’étourdira
la neige des fleurs,
des alarmes.
Embrasse le chagrin,
la joie qui tâtonne.
Nous luttons, recevons,
pour tomber, rebondir,
déployer n’importe lequel
de nos bras.
Nous apprenons le ciel.
Toujours nous donnerons le bleu,
ferment du miracle.
Au présent, au futur, tu énonces
l’éternité. Quelle ponctuation
placée au zénith pourra
fondre les temps
pour l’azur ?
Pluie éphémère, le nuage se garde
de tomber plus bas que terre :
il nous élève et signe
sa composition
(pincée de ciel dans cette potion).
Au chagrin, la joie : de la falaise
l'écho modifie léger
la trajectoire du son :
tu me réponds.
Discorde, réconciliation,
apprenons, retenons
2 et 1.
Table d’orientation.
La discorde, un rythme inouï
de douleur
dans l’espace tranquille.
2 et 1 font 21,
danse du monde,
table ronde des points cardinaux.
Au centre nous cherchons
ce qui n’existe pas.
Si c’est une onde,
l’éternité s’enlace au temps :
une pincée d’écume
donne goût à l’azur.
Si elle est particule,
elle émerge au zénith
sur la plus fine pointe du présent,
comme le point du i.
Tu as ouvert, je soufflerai dans l’air.
Nous apprenons
à ne rien retenir
Isabelle Lévesque et Sabine Dewulf, « XII, La Parenthèse » in Magie Renversée,
Peintures de Caroline François-Rubino, Préface de Florence Saint- Roch, Collection Duo, Les Lieux-Dits
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