<< Poésie d'un jour
wo der Rhein là où le Rhin
entsprungen ist a pris sa source
und sich nach norden et se dirige vers le nord
wendet ist es il n’y a pas
nicht weit bis loin jusqu’à
zur quelle der la source du
Rhone die Rhône qui
in umgekehrtter s’en va
richtung davon fließt dans le sens inverse
welcher fluss ruft nicht
den wunsch hervor
auf und abwärts zu gelangen
bei tag oder nacht
durch seine ländereien und länder
warum nicht einfach folgen
all den windungen
begradigten strecken hinabfüren lassen ohne
stillen seitenarmen jegliche illusion ihr gold
mit erneut auflebender flora beschützen zu können vor
und fauna wilden stromschnellen raubrittern und kriegern
breitem fließen plötzlichem aus allen zeiten und völkern
stürzen in einen wasserfall noch einen der zahllosen ertrunkenen
in dem jedes wort untergeht und grausam versenkten
bei nebel kein ufer mehr in sicht wiederbeleben zu können
bei niedrigwasser anker werfen irgendwann mit nassen augen
für ungewisse zeit die sonne auftauchen und den salzgeschmack
doppelt am himmel und des meeres im munde spüren
im wasser sich von nymphen bis heute
quel fleuve n’évoque pas
l’envie d’y
monter et descendre
de jour comme de nuit
à travers ses terres et pays
pourquoi pas simplement suivre
tous les méandres
des tronçons rectifiés par des nymphes vers le fond sans
des bras latéraux silencieux aucune illusion de pouvoir
avec une flore et une faune renaissantes protéger leur dos des
des rapides sauvages chevaliers pillards et guerriers
de larges écoulements une brusque de toutes les époques et de tous les peuples
chute dans une cascade ni pouvoir ressusciter un seul
dans laquelle chaque mot se noie de la foule des noyés et de
par brouillard plus de rive en vue ceux qu’on a cruellement engloutis
par basse eau jeter l’ancre un jour les yeux mouillés
pour un temps incertain le soleil émerger et sentir le goût du sel
doublé dans le ciel et de la mer dans la bouche
dans l’eau se laisser guider qui restera
Albertine Benedetto et Eva Maria Berg, Mémoires du Rhin I Der Rhein – Erinnerungen,
Présentation Gilles Desnots, Encres de Josette Digonnet photographiées par Marianne Digonnet-Mir,
Traduction d’Eva-Maria Berg, relecture d’Albertine Benedetto,
Éditions pourquoi viens-tu si tard ? 2024, pp.58, 59, 60, 61.
Albertine Benedetto → Ici
Eva Maria Berg → Bio