Gérard Pfister / Autre Matin suivi de Le monde du singulier

Publié le 02 avril 2024 par Angèle Paoli

<< Poésie d'un jour

" ... la lumière est cruelle comme un sourire à jamais sans visage ... "

Photographie → G.AdC 

La vie ne possède rien
pas même la vie

Le chevreuil s’avance
et un seul coup
l’abat dans la neige

La mort seule
ramasse les bois

Il fallait que tout revienne
au premier jour

d’un même élan
que tout soit réuni

la descente de l’eau
l’éclosion de la sève

qu’il n’y ait qu’un seul
un innombrable chant


Et ainsi
si parfaite

est ta douceur, si pure
la lumière de tes yeux

que tu ne me quittes pas
dans chaque mot chaque silence

-qu’il me faut apprendre à la neige
à imiter ta voix


Soudain tu vois

les choses
comme de l’autre côté du mur

comme si le choix
existait

de naître
ne pas naître

le boulevard est beau
d’une lumière sans lendemain

la lumière
est cruelle

comme un sourire
à jamais sans visage

Gérard Pfister, «Autre Matin, V » in Autre Matin suivi de Le monde du singulier,
En couverture Reverdir, Photographie de Marie Alloy,
Le Silence qui roule, 2024, pp.72, 73, 74, 75.



■ Terres de femmes▼

→ Le Livre des sources, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2013.


■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Pierre-Guillaume de Roux) la page de l’éditeur sur Le Livre des sources de Gérard Pfister
→ (sur le site des éditions Arfuyen) une fiche bio-bibliographique sur Gérard Pfister
→ (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Gérard Pfister