Magazine Journal intime

Fournitures scolaires

Publié le 22 août 2008 par Lephauste

Dans mon cartable pour la rentrée, que j'ai déjà préparé au cas où j'aurais du mal à me lever, le matin même de la rentrée, j'ai mis des bombes et des pavés, de l'herbe, des cahiers pas encore enrhumés, une trousse de survie en milieu totalitaire, un atirail de vieilles lunes que je trimbale comme l'ours savant qui sait quand il ne se gratte pas les puces, compter jusqu'à ce que mort s'en suive les pauvres hommes tombés comme des mouches sous les coups  du libéral aérosol.

quand je serai grand je veux faire comme papa, des trous dans la terre. Mais j'ai aussi de l'ambition et ce que papa n'a pas réussit je jure d'y exceller. par exemple j'ai dans un cahier,  le dessin assez précis d'une machine à mesurer les trous et à quantifier de façon rationnelle la masse de terre dont éventuellement on aura besoin pour reboucher le trou quand le cours du tas deviendra juteux. J'ai l'intention de réussir, celà se voit.

Mais alors pourquoi tant de bombes, pourquoi tant de pavés ? C'est qu'il faut voyez vous,  toujours avoir l'air de faire des choses interdites, des choses dont le nom même  fait chavirer  le regard morne de la révolte. mais en même temps  ne pas oublier  qu'il y a toujours un trou à creuser  à l'horizon et qu'il n'est pas de lendemains qui chantent  sans  qu'au fond du trou  on ait fait  grimper le cours de l'action de la "Trous and Tas inc.".  Je suis,  je crois,   profondément patriote  et pour bien le montrer, bien que papa  me trouve un peu immature, je dirai que pleurant sur les dépouilles des soldats médaillés de Pékin j'ai pu constater entre deux sanglots que l'industrie du larmement dont les services commerciaux se trouvent à Paris, 55 rue du faubourg saint Honoré, avaient enregistré durant la cérémonie aux invalides un record en terme de promesses de dons aux familles des victimes de la misère sexuelle en milieu catholiques. J'y vais,  je donne !

Mais attention je suis môme et comme dit papa : On a pas gardé les vaches ensemble ! Mais c'est que papa n'a pas connu les unités de soins intensifs que de son temps de sous prolétaire à casquette et pompon on nommait des fermes. Papa en est resté, un peu tombé dans son trou pour finir, à la bucolique bouse autour de laquelle les mouches ne volaient pas,  équipée d'un masque de chirurgien avec sur la poitrine (les mouches ont-elles une poitrine ? le poète a-t-il une licence,  duement visée par la préfecture ? La vie est-elle bien ce que nous ingurgitons chaque jour ?), le crépitement d'un compteur geiger; Je suis môme, alors comme tous les mômes je fais des farces, je dis des gros mots, je vole les vieux, les pauvres je les dénonce, je me masturbe sur les affiches électorales, je ne laisse jamais un aveugle me voler la place sous le prétexte qu'il n'a pas fait attention que je le bousculais pour arriver le premier, je fais semblant d'aimer les noirs à cause qu'ils ont le rythme dans la peau, les arabes me font pas peur mais c'est vrai qu'ils sont pas comme nous... Je vous dis je suis un vrai gamin, bientôt trente ans que le trésor public me court après et qu'a chaque fois qu'il me coince je trouve un voisin qui lui vraiment doit pas s'en faire vue la marque de sa bagnole mais comme dit papa : T'occupe pas du voisin, creuse ! Papa est pas patriote lui. Il dit qu'on a pas les moyens mais que si j'ai mon certificat d'études primaires, promis on part une semaine,  au salon du trou.

bon aller je tarde pas trop, je révise. Cette année l'option colaboration du cours d'instruction civique, uniquement pour les natifs de race blanche, accorde un abonnement d'un an à la société des amis du musée des arts premiers. Moi j'aime faire des études et comme dit papa : l'instruction ... Ah l'instruction !


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