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Les fantômes ont quelque chose à nous dire

Publié le 29 avril 2024 par Les Alluvions.com

J'ai terminé l'article précédent, Barques, macle et arnaque sur la note de Daniel Sangsue daté du 11 décembre 2019. Laquelle rendait compte d'un hasard objectif, autrement dit d'une coïncidence, entre la lecture d'un essai de Denis Grozdanovitch et un courriel soi-disant émanant du même Denis Grozdanovitch et qui n'était bien sûr qu'une arnaque.

Aussitôt après avoir consigné ces faits, j'ai réalisé que le 11 décembre 1019 n'était pas pour moi une date comme une autre. Oh non, loin de là. Ce fut pour toute notre famille une date funeste : ma petite soeur Marie avait rendu l'âme à l'hôpital de Limoges, au terme d'une cruelle maladie, un cancer contre lequel elle luttait avec un courage immense depuis 2018.

Rien dans la note de Daniel Sangsue n'évoquait ce drame, mais je restais interloqué. Le rappel inattendu de ce jour noir avait-il un sens ? Je me suis demandé ensuite à quel moment - je n'en savais vraiment plus rien -, le blog avait porté trace de cette disparition. Eh bien c'était le mardi 7 janvier 2020, date une nouvelle fois symbolique, puisque date anniversaire de Marie. Je terminai la note par ces mots : "Les Envoûtés est sorti au cinéma le mercredi 11 décembre. Ce jour-là ma petite soeur Marie est morte à l'hôpital de Limoges. Elle aurait eu 49 ans ce mardi 7 janvier 2020." L'article portait en effet sur ce film sorti sur les écrans le jour même de sa mort, Les Envoûtés, de Pascal Bonitzer. Un film où il est énormément question de ces êtres qu'affectionne Daniel Sangsue : les fantômes. Je l'écrivais dès le premier paragraphe : 

C'est un film de fantômes où les fantômes ne sont pas montrés (enfin, pas tout à fait, mais je ne peux pas préciser cette réserve sans spoiler le film). Voici le synopsis du dossier de presse: "Pour le "récit du mois", Coline, pigiste pour un magazine féminin, est envoyée au fin fond des Pyrénées interviewer Simon, un artiste un peu sauvage qui aurait vu lui apparaître le fantôme de sa mère à l’instant de la mort de celle-ci... Interview qu’elle est d’autant plus curieuse de faire que sa voisine, la belle Azar, prétend, elle, avoir vu le fantôme de son père !"
fantômes quelque chose nous direFantômes qui intervenaient aussi dans Souvenirs dormants, le livre de Patrick Modiano que je lus le même soir au retour du cinéma : 
"Or, dans ce court volume (...) on rencontre aussi quelques fantômes (sans compter Modiano lui-même, qui se qualifie à plusieurs reprises d'étudiant fantôme dans le cadre de ces années 60 où il place son récit), ainsi ces jeunes femmes rencontrées, suivies, perdues, Mireille Ourousov, Geneviève Dalame, Madame Hubersen, ou celle dont le nom ne sera jamais donné, qui, un jour ou l'autre, s'évanouissent dans la grande ville et que l'on retrouve parfois par hasard des décennies plus tard :
"Vous habitez toujours à la même adresse ?"
Peut-être lui avais-je posé cette question pour obtenir une réponse précise et ne plus avoir le sentiment que j'étais en face d'un fantôme.
"Toujours à la même adresse..."
Elle a eu un petit rire dont je lui étais reconnaissant. Elle n'avait plus l'air d'un fantôme." (p. 68)"

La thématique des fantômes ne cessait alors de m'accaparer : deux jours plus tard, je publiai un nouvel article : Passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre,  où j'inscrivais une nouvelle référence au film de Bonitzer à travers cette réplique située à la fin d'un entretien avec Claire Vassé (dossier de presse), où il posait cette question : "Et tous les films, en un sens, ne sont-ils pas des films de fantômes ? C’est quoi, ces ombres qui s’agitent sur l’écran ? C’est quoi, cet écran ? Aller au cinéma, c’est laisser les fantômes venir à notre rencontre. Ils ont quelque chose à nous dire." Il faisait bien sûr allusion au célèbre intertitre du Nosferatu de Murnau : "Passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre". 

fantômes quelque chose nous dire

Or, c'est au bas de cet article du 9 janvier 2020 que  Am Lepiq (monsieuye) a laissé ce commentaire : "Je lis depuis hier ce livre de Daniel Sangsue, "Les fantômes comme les chats choisissent leurs maîtres" (La Baconnière), et je me dis incessamment qu'il est fait précisément pour vous.Commentaire qui me surprit tout d'abord (il venait s'afficher sur un article publié depuis plus de quatre ans) et qui fut la tête de pont d'un afflux de fantômes (Am Lepiq, alias Jacques Barbaut, a depuis doublé la mise avec sa mention, toujours au bas du même article, de la belle note de lecture qu'il a consacré au livre de Sangsue sur Sitaudis). Note parue le 26 avril, le même jour que l'article précédent.

Etrange chassé-croisé : un commentaire sur un film de fantômes sorti le jour de la mort de Marie m'entraîne à la découverte d'un livre sur les fantômes, lequel me conduit sur un hasard objectif enregistré le même 11 décembre 2019. Boucle bouclée.

A ceci s'ajouta le retour d'une revenante (à suivre, comme on dit dans les meilleurs feuilletons).


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