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Menaces d’attentats : pourquoi l’école ?

Publié le 23 mai 2024 par Observatoiredumensonge

De très nombreux établissements scolaires ont été, récemment, la cible de menaces terroristes. Ces dernières se sont révélées fantaisistes, mais elles ont trouvé un écho dans la population, dont l’inquiétude est entretenue de façon constante par les médias et les organes étatiques. Depuis des années, les Français vivent sous la pression constante du terrorisme, sans que l’État ne semble en mesure, quel que soit le gouvernement, de juguler cette menace, qui n’a fait que s’accroître. J’étais étudiante dans le Quartier latin lors de l’attentat du RER B, en 1996. Je fais donc partie de la génération qui aura passé l’essentiel de sa vie dans ce climat d’insécurité. Auparavant, les attaques terroristes étaient liées à des revendications précises. Aujourd’hui, elles participent juste d’un climat, d’une guerre latente dont personne ne dit le nom et dont les autorités font semblant d’ignorer l’existence, pensant peut-être ainsi la rejeter dans le néant, ce que l’on ne nomme pas n’accédant pas pleinement à l’existence (c’était la minute de philosophie ontologique…).

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Mais si les écoles étaient réellement visées, en tant que structures, et non seulement à travers l’individualité de leurs agents, qu’ils soient professeurs comme Samuel Paty ou Dominique Bernard, ou directeurs, cela ferait-il davantage réagir la population et nos dirigeants ? L’école est le véritable symbole de la République française, le creuset du système, car elle n’a pas d’autre fonction, en réalité, que de forger la société de demain, de façonner les citoyens qui en seront les cellules organiques, en un mot, de « faire communauté ». On n’a pas besoin de l’école publique, nationale, étatique, pour instruire les enfants, on s’en est passé pendant des siècles et cela fonctionnait très bien. Mais on a besoin de l’école pour former un corps politique à grande échelle, une communauté nationale, quand on a détruit tous les points d’appui traditionnels du patriotisme. C’est pour cette raison que reprocher à l’école d’être une structure politisée, de faire tourner l’essentiel de ses préoccupations autour d’éléments qui ne sont pas directement corrélés à l’instruction académique, c’est lui faire un faux procès, qui révèle juste que l’on n’a pas compris sa raison d’être et qu’on projette sur elle un rêve vertueux qui n’a jamais été pleinement dans son programme. L’école n’est pas là, essentiellement, pour rendre chaque enfant, individuellement, plus cultivé ni plus intelligent ; elle a été conçue pour façonner un corps social selon les critères définis par le gouvernement, qui n’alloue pas le premier budget de l’État à une œuvre philanthropique. C’est bien pour cela que nos ministres successifs, depuis plusieurs décennies, nous rappellent que l’école a vocation à se substituer à la famille pour, justement, pouvoir assurer cette fonction politique.

Viser une école serait donc conforme au principe même du terrorisme. Il y a encore quelques années, le terrorisme était le fait de groupes armés, entraînés et structurés, mais aujourd’hui, ce sont des ados paumés, souvent sans histoire, qui peuvent à tout moment frapper et tuer. Tous ces jeunes trouvent des relais nombreux dans une partie de la population et participent de cette pression terroriste, qui n’a pas besoin de passages à l’acte massifs pour assurer son efficacité sur l’esprit des élèves comme de leurs parents. La majeure part des Français a intégré dans son logiciel mental qu’il y a « des gens », partageant certains points communs, à qui il est prudent de ne plus se confronter. Les comportements des élèves se sont adaptés, celui des parents aussi, l’institution a changé certains de ses programmes, a négocié certains de ses principes : le terrorisme à l’école a déjà gagné dans une large mesure. Il ne sera donc pas nécessaire de déposer une bombe dans un collège : la gangrène intérieure a déjà presque fini son travail.


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