Mur de Berlin de la droite
Ce cordon sanitaire, c’est le mur de Berlin de la droite. Celui qui, totalitaire, scinde une même famille depuis 50 ans, interdisant à ses membres, par une paroi étanche infranchissable et surveillée de près, de fraterniser, et même de communiquer. Ceux qui osaient contrevenir à la règle devenaient des cibles. Ils étaient tués politiquement, à l’instar de Jean-Pierre Soisson ou de Charles Millon, frappés du sceau de l’infamie, considérés aussi sec comme des traîtres et voués aux gémonies. Pour l’exemple. Pour dissuader les vocations de dissidents. Ce 11 juin, c’est un peu le 9 novembre de la droite. Le mur commence à s’effondrer, les plus audacieux passent courageusement une jambe, puis l’autre. Bien sûr, des VoPo du vieux monde affolés courent partout, crient très fort, menacent les plus frileux. Mais, déjà, Guilhem Carayon, le responsable des jeunes LR, a emboîté le pas d’Éric Ciotti, l’assurant de son soutien, ainsi que Céline Imart, deuxième de liste LR aux européennes. Sur France 2, ce mardi soir, Jordan Bardella a confirmé officiellement un accord entre le RN et les Républicains, évoquant « plusieurs dizaines de députés LR », « investis » ou « soutenus ».
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La corde pour pendre la droite
À ce sujet — Marion Maréchal, François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella passaient leur grand oral
Ce cordon sanitaire, imaginé et tressé par François Mitterrand pour faire barrage au Front national (devenu Rassemblement national), c’était la corde pour pendre la droite. Il est devenu, aujourd’hui, grosse ficelle. Usée. Fatiguée. Inopérante. Nos gouvernants ont été les gardiens intransigeants de ce cordon sanitaire idéologique, veillant à ce qu’il ne soit jamais violé, mais se sont moqués comme d’une guigne du seul « cordon sanitaire » dont ils avaient la responsabilité, celui qui préserve l’intégrité physique, morale, psychologique, culturelle et matérielle : la frontière, qui protège le citoyen comme la porte du foyer protège la famille, et qui a été pulvérisée.
BV, « quotidien de la France droite », s’honore, depuis plus de dix ans, d’avoir jeté toutes ses forces dans le combat contre le cordon non pas sanitaire mais délétère. D’avoir inlassablement tendu son micro à toutes les droites. De la rencontre « Oz ta droite », à Béziers, lancée en 2016 par Robert Ménard – première tentative peu couronnée de succès, mais qui a eu le mérite de jeter le sujet sur la table -, jusqu’au Grand Oral des européennes, en avril dernier, rassemblant les trois têtes de listes de la droite (Jordan Bardella, Marion Maréchal et François-Xavier Bellamy) dans un climat courtois et apaisé.
Union volée, dés pipés
« Il ne faut pas désespérer Billancourt », disait, autrefois, Sartre. Il ne faut pas désespérer la France-tout-court, pourrait-on dire aujourd’hui. Aquoibonisme et toutestfoutuisme sont les deux mamelles de l’abstention. Rien de pire que les chicaneries, les refus de mains tendues, les coups du mépris, les mots assassins, les divisions pour démobiliser les troupes et les décourager. Le cordon sanitaire qui semble céder autour du Rassemblement national va-t-il se reconstituer ailleurs, serrant en étau cette fois Reconquête, dont le récent score aux élections européennes et les cinq nouveaux députés prouvent pourtant que ce parti ne compte pas pour rien, et en tout cas au moins autant qu’EELV ? L’union de la gauche serait possible, mais pas l’union de la droite ? Combien de temps les électeurs français accepteront-ils de jouer avec des dés pipés ?
Plus que jamais, Boulevard Voltaire restera attaché à l’unité de la droite, de toutes les droites. Et contre tous les cordons sanitaires.