James Sacré / Par des langues et des paysages

Publié le 25 juin 2024 par Angèle Paoli

Poésie d'un jour

                               

Oakley où a vécu Audubon

Source : Fnac 

À Frédéric Jacques Temple

Les oiseaux noirs tête grise, autour d’une charogne
Sur la route en allant
À la plantation Oakley où a vécu Audubon, quatre mois
Pas longtemps, mais le temps
De commencer à dessiner sa première série d’oiseaux
grandeur nature
32 tableaux je crois, un assistant
Faisait les fonds d’herbe ou de branchages
Et mettait la couleur sur les planches d’estampes.
Comment dessiner avec un poème
Ces mouvements d’arrachée forte qu’avaient le bec et le cou
De ces plusieurs oiseaux ce matin,
D’arrachée hardie et de méfiance et tardant à partir ?
Un poème, et quelqu’un d’autre viendrait dire par exemple
le nom de ces rapaces
Et celui des arbres et des buissons très poussant
Dans les couleurs de vert et d’eau pas loin, avec le ciel
Comme un bleu silencieux sous la torture du temps.

To Frédéric Jacques Temple

The black birds with gray heads, around a carcass
On the road going
From Oakley plantation where Audubon lived, four months
Not for a long time, but time
To begin drawing his first series of birds life-size
32 paintings I think, an assistant
Doing the background of grass or branches
And putting color on the printed plates.

How can I draw
Those strong ripping-out movements of the beak and neck
Of those several birds this morning
With a poem,
With bold rips distrustful and putting off going away ?
A poem, and someone else would come
and maybe tell the name of this birds oe prey
And the name of the trees and fast-growing shrubs
In the colors of green and of water nearby, with the sky
Like a silent blue under the torture of time.

James Sacré, « Va pas croire que le monde attendait tes mots » (America solitude, André Dimanche éditeur, 2010, traduction par David Ball, in Par des langues et des paysages (1965-2022) Poèmes, APIC Éditions, Alger 2024, Collection Poèmes du Monde, Sous la direction d’Habib Tengour, pp.33, 34.

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J A M E S   S A C R É 


Ph. © olivier roller
Source

■ James Sacré
sur Terres de femmes ▼
→ Le paysage est sans légende (lecture de Tristan Hordé)
→ Dans le format de la page (extrait de Le paysage est sans légende)
→ Figure 42 (poème extrait de Figures qui bougent un peu)
→ Le désir échappe à mon poème
→ Une fin d’après-midi continuée, Trois livres « marocains », Postface de Serge Martin, Tarabuste Éditeur
→ Brouettes, Dessins d’Yvon Vey, Le Carré des lombes, Obsidiane, 2022.
→ Une brouette de mots, lecture d'Angèle Paoli
→Des animaux sont avec toi, depuis toujours, Peintures de Guy Calamusa, Voix de chants, ÆNCRAGES&CO, 2023

■ Voir aussi ▼
→ (sur remue.net) James Sacré/Un paradis de poussières (article de Jacques Josse)
→ (sur Loxias) une bio-bibliographie de James Sacré
→ (sur le site de Jean-Michel Maulpoix) un article de James Sacré (« Une boulange de lyrisme critique »), texte paru dans la revue Le Nouveau Recueil (éditions Champ Vallon)
→ (sur Terres de femmes) | rouge | (Angèle Paoli)