Magazine Nouvelles

Nohad Salameh / Jardin sans terre

Publié le 27 juin 2024 par Angèle Paoli

<< Poésie d'un jour

SALAMEH

Dessin de Jean-Marc Brunet

Quelques fois elle s’endort
-chair solaire-
dans une chambre flottante
où l’on respire une odeur d’encre
et d’agneaux heureux
tombés d’une mémoire inconnaissable

Quelqu’un la pense et la revit
prenant mesure
de la lente respiration des années ultérieures
qui ordonneront le feu nourricier
invariable dans la balance du cœur.

Ainsi rejoindra-t-elle l’Étendue,
l’île lyrique où se creuse l’imaginaire.


                              *

Corps de femme
intrépide et vulnérable
annulé par la peur
en perpétuelle dissolution /défection
occupé à te défendre :
tu portes à ton cou l’effritement
collier de granit que nul poing
aucune lame ne pourrait rompre.

Hier tu avais mille ans de félicité
des enfants de velours venaient te rejoindre
en ton manoir de romances.
tu appartenais à toutes les soifs du monde
et tes sommeils se dilataient de plusieurs folies.


                                 *

Femme : profil du temps amarré
à une barque en partance,
deux fleuves- clos/ouvert
traversent tes eaux
s’assèchent puis se renouvellent
le jour d’avant ta naissance.

Quel prophète te retient
en ce jardin sans terre
que tu arpentes appuyée à la rampe de l’infini
survolée par des mouettes
plus prestes que maraudeurs de sommeils ?

Il n’est nul repos pour toi
femme aux mille bruits de papillon
lorsque tes rêveries abandonnent leurs rayons
sur les territoires de l’automne.

Couv-Jardin-sans-terre

Nohad Salameh, « La dormeuse de plein jour » in Jardin sans terre, dessins de Jean-Marc Brunet, Al Manar 2024, pp.59, 63, 64.

_________________________________________________________________________________________________________________________

_________________________________________________________________________________________________________________________

NOHAD SALAMEH

Nohad Salameh

Source 

■ Nohad Salameh
sur Terres de femmes ▼
→ L’écoute intérieure
→ L’envol immobile
→ L’intervalle (+ notice bio-bibliographique)
→ Les nudités premières
→ Plus neuve que la mort (poème extrait du Livre de Lilith)
■ Voir aussi ▼
→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Nohad Salameh
→ (sur exhibitionsinternational.org) « Le féminin singulier », avant-propos de Marcheuses au bord du gouffre de Nohad Salameh [PDF]


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazines