Alors que la macronie tient tous les leviers de commande du pays depuis sept ans et qu’elle a encore profité des assauts répétés des médias publics contre le RN, elle n’obtient les suffrages exprimés que d’un peu plus d’un Français sur cinq (22 % à l’heure où nous écrivons). Déjà, au premier tour des législatives de 2022, les commentateurs avaient considéré comme un échec flagrant les 25,75 % des voix recueillis par la majorité présidentielle. Au moment de son élection, on s’en souvient, Macron avait promis, avec l’humilité qui lui est coutumière, de réduire à rien la droite, la gauche, la méchante extrême-droite et aussi l’extrême-gauche. Il est aujourd’hui écrasé entre ces deux pôles électoraux, comme une pomme dans une meule de meunier. Deux pôles à droite et à gauche qui n’ont cessé de prendre du volume au rythme de ses erreurs, de ses errances, de ses suffisances et de cette priorité internationale et européenne qui est la marque du macronisme.
Bernés et heureux de l’être ?
Face à cette claque, Macron aurait pu choisir la voie de l’honneur : du maintien de ses candidats quoi qu’il arrive à la démission du président. Il a choisi la voie de la honte. Le premier signal a été donné à peine les bureaux de vote clos par le leader de LFI et porte-voix du Nouveau Front populaire, Jean-Luc Mélenchon. Il est 20h30, le sénateur préféré des banlieues apparait sur les écrans de télévision flanqué de l’égérie pro-Palestinienne Rima Hassan, foulard palestinien autour du cou, et du député LFI Manuel Bompard. « Dans un certain nombre de cas, des triangulaires sont possibles : conformément à nos principes (sic !) et à nos positions constantes dans toutes les élections précédentes, nulle part nous ne permettrons au RN de l’emporter ». Lorsque le RN arrive en tête et que le NFP arrive en troisième position, la consigne mélenchonesque est claire : ses candidats retireront leur candidature. Face à lui, les militants manifestent aussitôt leur joie par de vifs applaudissements. Bernés et heureux de l’être, les électeurs du NFP ? Durant toute la campagne, Mélenchon et ses affidés n’ont eu de mots assez durs contre le pouvoir. Le 12 juin dernier, Mélenchon écrit encore sur X : « Macron s’enfonce dans la stratégie du chaos et de la guerre des religions pour brutaliser l’élection ». Et celui qui lui tend la main en rajoutait une couche : « Macron se noie dans son flot de paroles, d’injures et de mépris contre ceux qui ne sont pas de son avis ».
Théâtre de Guignol
Tout ces grands mots, c’était donc pour la galerie. Au fond, Mélenchon le savait : Macron est proche de lui, il était prêt à nouer une alliance immédiate, à 20h30, comme dans un théâtre de guignol, pour que le choix des Français ne se traduise pas dans la réalité pouvoir. Nouvelle vérification de ce vieux constat : « Le système gouverne mal mais il se défend bien ».
Au même moment, par un hasard vraiment extraordinaire, la macronie ouvre elle aussi ses bras au NFP ! En ce soir béni pour Ensemble et le NFP, tout redevient normal, comme après minuit dans le conte de Cendrillon. Le carrosse de la macronie armé et dressé contre l’extrême-gauche se transforme en citrouille anti-Bardella. Comme une preuve par neuf, s’il en était besoin, que le RN menace le système. Celui qui se répartit les postes et les prébendes depuis des décennies, après avoir mis en scène ses fausses divisions. On a donc entendu ce 30 juin le Premier ministre Gabriel Attal lui-même sussurer que « Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national ». C’est clair, là aussi.
#legislatives2024 "Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national", dit Gabriel Attal #AFP pic.twitter.com/fJulvKY3CZ
— Agence France-Presse (@afpfr) June 30, 2024
Ce 21 juin, le même Gabriel Attal jouait pourtant à la perfection les remparts contre l’extrême-gauche : « Vous ne valez pas mieux que l’extrême droite ! », lançait-il en Avignon à l’Antifa violent et fiché S Raphaël Arnault. « J’espère qu’au second tour, vous appellerez systématiquement à battre l’extrême droite », avait répondu Raphaël Arnault qui lui enverra peut-être des fleurs. Comme son Premier ministre, Emmanuel Macron accepte ainsi sans barguiner le soutien de Rima Hassan, du délicieux Raphaël Arnault donc, du Parti communiste français ou du Nouveau Parti anticapitaliste piloté par le très responsable Philippe Poutou. Le parti présidentiel soutiendra tous les candidats de NFP, même ceux de LFI, à quelques exceptions près. Sans vergogne.
À une semaine du second tour, le RN, soutenu ce 30 juin par Eric Ciotti, toujours président de LR, par Marion Maréchal ou par Éric Zemmour et Reconquête, ne pouvait rêver situation aussi simple. Le système européo-mondialiste est à nouveau réuni, main dans la main mais dos au mur, prêt à toutes les alliances, surtout les plus indignes, pour défendre sa gamelle, ses prébendes et ses postes. Pour poursuivre surtout, sans trop de gêne, la ruine accélérée du pays, de son indépendance et de son peuple. Reste à savoir combien de macronistes, le 7 juillet, seront prêts à voter pour les candidats du syndicat des démolisseurs animé par Jean-Luc Mélenchon.
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