Quand la classe politique sombre dans la démence

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Nous atteignons un niveau paroxystique de l'anomie politique, la perte de tous les repères et de toute boussole, la démence proprement dite, celle qui conduit à l'asile psychiatrique plutôt qu'à l'Elysée.

Par Maxime Tandonnet

Quand la classe politique sombre dans la démence

Nous atteignons un niveau paroxystique de l'anomie politique, la perte de tous les repères et de toute boussole, la démence proprement dite, celle qui conduit à l'asile psychiatrique plutôt qu'à l'Elysée.

• Ce que fait M. Macron ne ressemble à rien. Il dissout l'Assemblée en prétextant vouloir " clarifier la situation ". Il échoue, perd sa majorité relative, provoque l'élection d'une Chambre ingouvernable répartie en trois blocs inconciliables, et l'invite à se débrouiller pour former une majorité sur la base de laquelle il nommera un Premier ministre. Ce n'est évidemment plus la Ve République où le PM émane du président et n'est pas obligé d'obtenir un vote d'investiture. Mais c'est encore moins la IIIe et la IVe où le rôle de l'occupant de l'Elysée était justement de négocier une majorité et d'en faire émerger le premier ministre (président du Conseil). Lui, il fait le contraire, casse, détruit, répand le chaos et s'en lave les mains. C'est absolument inédit dans l'histoire.
• Les leaders du premier groupe de gauche, LFI, se comportent en factieux, insurrectionnels. Ils mentent effrontément en affirmant que leur alliance bancale et opportuniste, NFP a gagné les législatives. Avec 178 députés, les 4 partis de gauche coalisés n'obtiennent même pas un tiers des sièges. C'est nul. Marteler mille fois un mensonge en fait-il une vérité? Prenez bien les gens pour des imbéciles, vous aussi... Pourtant, ils revendiquent mordicus Matignon et le gouvernement et plusieurs d'entre eux ont appelé aux manifestations, aux blocages et aux émeutes pour obtenir par la rue et la violence ce qu'ils ont échoué à obtenir par les urnes, et même à marcher sur Matignon sans que les moins radicaux (PS) ne s'en désolidarisent. La gauche française sombre dans l'extrémisme.
• L'un des favoris de la future présidentielles selon les sondages, E. Philippe fait naufrage dans la tartuferie. Il fut l'un des premiers à jouer les sainte Nitouche pendant les législatives, en appelant au " rempart républicain " contre " l'extrême droite " et à voter pour un communiste contre un RN. Et puis on apprend dans Libération qu'il a diné cet hiver avec Mme le Pen au domicile de M. Solère, le conseiller d'EM venu de LR, 13 fois mis en examen... C'est faux: on ne dîne pas avec la leader frontiste pour parler de la pluie et du beau temps ni pour lui compter fleurette, mais pour négocier des ententes secrètes et des arrangements - surtout à l'invitation d'un type pareil. Un sommet de l'hypocrisie a été atteint: en public, le RN est le mal absolu mais en privé, en secret, il est permis de lui lécher les babouches, bref, le cordon sanitaire, c'est pour les gueux, les sans dents, la populace, mais ce n'est pas pour les gens importants, les grands de l'élite dirigeante...
• Le parti LR après avoir été pourri par les trahisons de 2017, 2022, 2023 et 2024, vers la macronie et vers le Pen, achève sa décomposition à la suite du coup de force macronien. C'est curieux, on pourrait imaginer que dans l'adversité, les derniers qui n'ont pas trahi ni perdu la boule se réunissent et parlent d'une seule voix. Mais non, c'est la débandade. Les plus anti macronistes jusqu'alors, X. Bertrand, O. Marleix et A. Pradié revendiquent maintenant Matignon et un gouvernement de droite pour éviter l'arrivée au pouvoir des voyous ci-dessus, ce qui peut se comprendre à ce stade de déliquescence, mais que pourraient-ils faire dans une Assemblée rigoureusement ingouvernable, sinon d'être entraîné dans l'abîme avec la macronie et de perdre toute chances pour 2027? B. Retailleau réclame un gouvernement non politique, de personnalités civiles, chargé de trouver des majorités d'idées. L. Wauquiez refuse d'entrer dans une coalition et prévoit un soutien au cas par cas sur une majorité d'idées. Bref, l'explosion, la fin... Le parti change d'ailleurs de nom et passe des Républicains à la Droite républicains. Je n'aime pas ce nouveau nom, trop sectaire: pour le bien public et le redressement, il faut s'adresser à la France, pas à la " droite ".

Maxime Tandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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