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De Duras : "Le ravissement de Lol V.Stein"

Publié le 12 juillet 2024 par Perceval

Après l'installation dans la région d'un émetteur en haute définition 819 lignes, Lancelot achète une télévision (noir et blanc) et peu après bénéficie de la diffusion d'une deuxième chaîne ( RTF Télévision 2 ) diffusée en 625 lignes UHF . La télévision diffuse entre 12 et 14 heures par jour.

Le 9 juillet 1966, a lieu la première diffusion de l'émission Au théâtre ce soir sur TF1, avec à la fin : " Les décors sont de Roger Harth... "

Cette question agite beaucoup de discussions : faut-il s'inquiéter que la télévision puisse tuer la lecture ? Sans-doute pas... N'oublions pas qu'en 1960, en France, très peu de français sont disposés à lire, les statistiques relèvent que seulement 22% seraient des passionnés de lecture.

Finalement, la télévision, participera avec une l'émission du mercredi-soir '' Lectures pour tous '' à gagner l'estime des lettrés et constater l'augmentation de lecteurs... !

Lancelot est très curieux de retrouver quelques visages connus, dans la lucarne disposée sur un meuble du séjour.

Duras "Le ravissement V.Stein"

Ainsi celui de Marguerite Duras, interrogée par Pierre Dumayet . C'est à propos d'un livre dont la lecture l'a à la fois, agacé et fasciné. Le visage en gros plan, marqué, gonflé, peut-être, d'avoir souffert... Elle chuchote, elle parait si calme. La voix, la diction de Marguerite est singulière, et ses mots, ceux d'un livre qu'elle pourrait écrire.

Elle se confie à la France entière : c'est la première fois, dit-elle, qu'elle écrivait sans alcool, elle avait peur d'écrire n'importe quoi. Elle avait rencontré son personnage, Lol V. Stein, dans un asile psychiatrique, lors d'un bal de Noël, belle, intacte. Pourquoi ce nom : ''Lol'' ? A cause de Loleh Bellon, l'actrice...

Duras à présent s'est retirée à Neauphles ( Seine-et-Oise), avec son fils Jean Mascolo. Ses amis la rejoignent en fin de semaine, dont Edgar Morin, que Lancelot revoie assez régulièrement.

Mais surtout, et, Lancelot applaudit à ce coup de coeur : elle vient d'acheter un autre lieu mythique, l'appartement 105 dans l'ancien palace des "Roches Noires", où Proust - soixante-dix ans plus tôt - y avait sa chambre ( appart 110), face à la grande plage de Trouville.

L'hôtel des Roches noires, paquebot de pierres et de briques : trois cents chambres à l'extrémité est de la plage. Les couchers de soleil, les lectures et les promenades sur le sable ou dans la campagne avec une bande d'amis (dont de futurs écrivains) qui attirent davantage Proust, que les baignades en mer.

C'est là que Marguerite Duras achève au cours de l'été 1963, face à la mer "Le ravissement de Lol V.Stein".

Duras "Le ravissement V.Stein"

Elle nous raconte l'histoire : " Lol a rencontré Michael Richardson à dix-neuf ans pendant des vacances scolaires, un matin au tennis. Il avait vingt-cinq ans. Il était le fils unique de grands propriétaires terriens des environs de T. Beach. (...) c'est en Angleterre. ] " Il ne faisait rien. Les parents consentirent au mariage. Lol devait être fiancée depuis six mois, le mariage devait avoir lieu à l'automne (...) elle était en vacances à T. Beach lorsque le grand bal de la saison eut lieu au Casino municipal. ( ...) Au cours de ce bal, le fiancé de Lol est tombé amoureux d'une femme. De la dernière venue du bal. ( ...) c'était minuit, une heure du matin, le bal était à son plein. Et elles sont arrivées les dernières. Et ça a été immédiat entre Michaël Richardson et cette femme. (...) Anne-Marie Stretter. "

" Et Lol a assisté à cet amour... naissant. Elle a vu complètement la chose. Elle a assisté à la chose aussi complètement qu'il est possible. Jusqu'à se perdre de vue elle-même. Elle a oublié que c'était elle qu'on n'aimait plus. Elle était en faveur et avec... cet amour naissant. C'est ça le bal. "

Ceci est le début, et le point central du livre.

" C'est le roman de l'impersonnalité, c'est un état que beaucoup de gens frôlent. "

" C'est l'abolition du sentiment, c'est ce qui m'intéresse. (...) Ce livre... c'est l'obscurité limite, je ne peux pas aller plus loin... "

A notre tour, le lecteur est ''ravi'' par ce livre, par l'écriture, la poésie et par Lol, par son mystère, de ''non-sens''. Cependant, la lecture est souffrante, Lancelot ressent l'échec et peut-être aussi, l'échec de la lecture. Il est nécessaire de le relire.


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