aujourd'hui une forme réformiste et modérée du socialisme, qui partirait de Bayrou à Gluksmann en passant par Hollande... Ce qui ne présage rien de bon concernant ce pro de la politique, mâtiné journaleux, aux ambitions présidentielles. Tract d'avant : " face à l'extrême droite, il nous faut un front populaire avec Mélenchon. " Tract d'après : " François Ruffin, rien à voir avec Jean-Luc Mélenchon. " Ces deux tracts de campagne avant les 1ᵉʳˢ tours et second des législatives anticipées... Dans l'Avant, Ruffin posait tout sourire dans sa cuisine pour séduire " les quartiers populaires " en se mettant en scène avec J.L Mélenchon et dans l'Autre, il drague l'électorat bourgeois en crachant sur ce dernier. Ça en dit long sur la capacité de retournement de veste en une semaine du député de Picardie. Celui qui se définit comme social-démocrate, ce qui signifie En une semaine, ce compagnon de route de Mélenchon depuis des lustres, utilisant sa photo et son nom pour promouvoir sa réélection ; une semaine plus tard, il renie son mentor sur des tracts distribués dans les boites à lettre, qui imprimés bleu sur blanc remettent au gout du jour la force tranquille de Mitterrand, et en verso, se fait adoubé par ceux qui devraient être ses opposants héréditaires, les : Bayrou, Gluksmann, Jospin et Berger, il n'y a pas à dire, l'a du culot de prendre ses électeurs pour des thons comme il l'a fait le Fanfan... Et ça a marché, car devancé au 1ᵉʳ tour par le R.N, il s'en sort vainqueur au second... Sans gloire, mais son siège est sauvé et c'est ce qui compte. Ah ambitions funestes qui font pactiser et trahir sans aucune honte bue !
Et puis... A la mi-juin, avant que le Nouveau Front Populaire n'arrive en tête des législatives, il assure se sentir Ruffin - Macron : ont fréquenté le même lycée privé et apparemment ont suivi les mêmes cours de théâtres... Mais pas avec la même prof. Dans sa circonscription, Macron a personnellement appelé la candidate macroniste pour qu'elle se désiste et soutienne François Ruffin. Il est très apprécié par papa Macron qui lui donne toute son affection... Lors de la campagne présidentielle en 2016, on y entend François Ruffin et Emmanuel Macro mettre au point une stratégie de communication, comme une saynète de théâtre pseudo-ouvriériste avec ses répliques et ses questions bien téléphonées, tout ça sur le dos d'un mouvement social en cours afin de calmer des ouvriers en furie. Ce genre de stand-up se répétera plusieurs fois et les acolytes remettront au point leur petite mise en scène dupeuse de populo... Le bourge est très fort pour endormir le prolo, c'est pour cela qu'il est surreprésenté dans le paysage politique. L'art de passer la pommade, de bien l'étaler et de faire disparaître la douleur, comme des kinés sociétaux caressant dans le sens du poil, et François Ruffin est l'un d'eux. Provenant d'un milieu bourgeois provincial, il s'est pourtant toujours positionné comme en rupture avec le monde politicien classique, n'hésitant pas à singer, avec souvent beaucoup de paternalisme et un brin de démagogie, un "parler populaire", des manières, un look qui n'est en réalité pas les siens. Dans son ADN de social-démocrate, il y a compromission avec la bourgeoisie, la droite et le pouvoir, et il n'y peut rien le pauvre... Ruffin n'exclu pas l'option de gouverner avec les macronistes et la droite, dans un gouvernement de coalition, comparant très abusivement la situation avec celle de l'après Seconde guerre. Sur RMC, il a déclaré " " capable d'être Premier ministre ", prétendre à un marocain de ministre avec cette coalition de droite/centre ? Il y a eu des grands moments dans notre histoire qui se sont faits avec une coalition, on peut penser à la Libération, où des communistes aux gaullistes il y avait formé un gouvernement commun. " [i]
Ruffin un " en même temps de + ". Il se fait le défenseur du petit patronat, proposant par exemple aux jeunes précaires de dormir en camping l'été pour satisfaire le besoin de main d'œuvre pour les restaurateurs. Il semble voir l'antiracisme comme un diviseur, comme un sujet secondaire. C'est ainsi qu'après un attentat islamophobe, une marche contre le racisme antimusulman avait été organisée ; et lui avait dit qu'il n'irait pas, car il préférait aller au foot. Il a laissé publier dans son journal Fakir, un article plutôt dégueulasse sur la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura. [ii] Il est resté d'un silence de plomb concernant la situation à Gaza et les massacres. Alors que presque toutes les têtes d'affiche de LFI ont été traînées dans la boue par des accusations d'antisémitisme et d'être des supporters du Hamas... Sauf lui. Ce petit baronnet local sait aller au contact, serrer les mains, faire la bise et la risette au petit dernier, et en bon populiste, il ne parle pas de sujets qui fâchent : Macron, l'Ukraine, la Palestine. Car, électoralement, ce n'est pas payant, casse-gueule, alors que pratiquer le bashing mélenchoniste...
L'après-élections : il s'est donc exclu de LFI, et siégera comme non-inscrit à l'assemblée. Peut-être rejoindra-t-il l' Après, l'Association pour une république écologique et sociale, tout juste lancée par les dissidents du parti LFI. Pour l'heure, l'élu n'a pas annoncé son intention de rejoindre ce nouveau mouvement politique. Il est posté au coin du bois et saura prendre la bonne direction le moment venu. C'est ça la bonne politique, savoir s'embusquer comme à la chasse aux canards et ne tirer qu'une seule fois... Pan sur Fanfan ! [iii]
Merci à FRUSTRATION et son article " Conquête de l'électorat populaire : que penser de la stratégie Ruffin ? " par Rob Grams