L'autre jour je marchais le long de la grève de Pont-Mahé à marée basse par grand vent. Tantôt tête levée vers la nué
e bigarrée des kite surfs, tantôt le regard sur le sable et la jonchée de coquilles multicolores qui craquent sous les pas. Et tout à coup ce museau rond et moustachu aux yeux vitreux. Décoloré mais pas décomposé encore, on le distingue à peine allongé sur le sable humide. Un peu choquée, je m'éloigne et continue ma marche vers le bout de la baie et la pointe de Pen-Bé. Au retour, la mer remonte. Je m'arrange pour ne pas remettre mes pas dans mes traces et éviter de revoir la dépouille de mon phoque.
Peut-être que j'aurais dû signaler le phoque échoué à quelque observatoire du littoral. Ils l'auraient sans doute autopsié et peut-être compris comment le pauvre animal avait fini par s'échouer là.
Ce même jour on se racontait à travers la presqu'île guérandaise l'affreux dénouement d'une tragédie estivale attendue. Des plaisanciers inexpérimentés et sous-équipés avaient chaviré et été portés disparus la veille. Au matin, en ouvrant les fenêtres de sa villa en bordure de la grande plage de La Turballe, un vacancier a eu la macabre surprise d'apercevoir un corps déposé sur le sable par la marée.
