La question d'envisager le monde comme un spectacle, a permis à Lancelot, de confronter ses propres réflexions...
Précisément, Guy Debord (1931-1994), dans son ouvrage La Société du spectacle (1967) - considère que notre société où règnent la propagande ( l'information) et l'aliénation ( consommation ) impose une nouvelle réalité : celle du spectacle. Le capitalisme coloniserait notre environnement naturel et humain, par le spectacle. Debord en revient à la Révolution qui nous obligerait à n'être plus seulement spectateur, mais acteur et s'adresse en particulier à la classe prolétarienne, " la classe de la conscience historique "...
Évidemment, cette manière de considérer le spectacle du monde, ne convient pas à Lancelot.
Il revient avec un intérêt non dissimulé, vers Jules de Gaultier (1858-1942). Il le fait avec plaisir, pour la raison qu'il s'agit d'un personnage rencontré par sa mère, Anne-Laure de Sallembier.
Nous étions dans les premières années du siècle ; au Mercure de France, Jules Gaultier tenait la chronique philosophique. Dans le salon de cette revue, Gaultier complétait les notions d'Anne-Laure sur Schopenhauer - auteur à la mode - et l'initiait à la lecture de Friedrich Nietzsche... Elle se souvenait aussi de plusieurs discussions autour de ''Madame Bovary '' de Flaubert ; et de ce qu'il appelait le '' bovarysme ''.... ( Jules de Gaultier - le Bovarysme. - Les légendes du Graal (over-blog.net) )
Le bovarysme, serait la tendance de notre esprit à s'échapper de la réalité, nous préférons nous faire une image faussée, une image du monde et de nous-même, embellie.
Ce qui semble étrange, à Lancelot, c'est que cet état pourrait engendrer une certaine méfiance vis-à-vis de cette illusion. Elle serait pour Gaultier, source de joie et même la substance esthétique de la réalité.
Le caractère bienfaisant du bovarysme serait de permettre à l'individu de réaliser son être propre, de le hausser vers un au-delà que seule la puissance de l'illusionnisme peut lui suggérer.
Gaultier soutient que " le monde est un spectacle à regarder plutôt qu'un problème à résoudre. "
Cependant, clairement, pour Flaubert, le bovarysme est source de terribles souffrances, du fait du caractère inconsistant des êtres et des choses, qui ne conduit qu'à la bêtise. Et tant pis, si une majorité d'hommes préfère contempler cette farce...
En contraste, Arthur Schopenhauer considèreque la réalité est illusoire et que l'homme ne peut percevoir qu'une vision déformée du monde. Nietzsche remet en question les notions traditionnelles de vérité et de réalité ; mais il encourage l'individu à affronter le Monde, et même à embrasser la souffrance...
Pour un phénoménologue comme Maurice Merleau-Ponty, le Monde est bien plus qu'un simple spectacle. Il est profondément lié à notre existence corporelle et à notre manière de percevoir et d'interagir avec lui.
Le monde est vécu à travers notre corps, notre interaction avec notre environnement façonne sa compréhension. Il n'y a pas de dichotomie entre sujet et objet, ils sont en constante interaction et notre expérience du monde est toujours en mouvement et en transformation.