Ferrari voit rouge

Publié le 23 janvier 2024 par Tto2706

Ce qu'il y a de bien, c'est qu'avec les C-News, on n'est jamais déçus. On croulait déjà sous la mauvaise-foi de Pascal Praud, la condescendance de Christine Kelly sans compter les chroniqueurs qui dévissent tous les quarts d'heure pour sur démontrer à Bolloré que la logorrhée est un hors d'œuvre pouvant autoriser un futur dans la galaxie des médias du patron breton réactionnaire.

A ce jeu là, la rouerie de Laurence Ferrari, trouvée dans le panier des chaînes Canal+, fait des merveilles. Après s'être crue animatrice d'un talk-show féminin à l'américaine où l'on se gaussait des parisianismes rive gauche qu'il est de bon ton de monter en épingle, elle a été reclassée dans des émissions polémiques où l'on bavarde et où la maîtresse de cérémonie excelle dans les postures félines avec un sourire en coin. Elle fait aussi partie de celles et ceux qui n'ont pas interrompu le service quand Bolloré a vandalisé I Télé pour mieux la transformer en C-News ... servile jusqu'au bout des ongles. Cela propulse et permet aujourd'hui de coloniser les antennes de C-News, Europe 1 et même de s'autoriser à avoir des responsabilités à Paris-Match.

Après avoir été celle qui remplaça Poivre d'Arvor à TF1, après avoir cumulé les rumeurs plus ou moins embarrassantes, après avoir fait emblant d'être incisive sur Canal+ époque ante-Bolloré, la blondeur pâle de la présentatrice fait des merveilles pour le public fermenté des écrans Bolloré. Pire, elle fait le service après-vente en venant expliquer que tout le monde est libre dans le marais conservateur des médias Vivendi et Lagardère ... ce que personne ne croît, même pas elle.

Le pire n'est jamais ceux qui affichent leurs convictions, c'est toujours ceux qui mettent un effort particulier pour masquer leurs ambitions sans totalement y parvenir. En résulte une haute opinion d'eux-mêmes que la dernière conférence de presse à l'Elysée a encore plus mis en relief.
Outre le fait que Laurence Ferrari s'est crue autorisée à poser une question qui n'en était pas une puisqu'il s'agissait d'abord d'un éditorial aux mots choisis et rances de l'acrimonie qu'elle voue au Président de la République, elle n'a rien trouvé de mieux que monter en épingle ce fait d'arme à la manière d'un Fox News un peu low-cost mais qui visiblement flattait celle qui se pique de diriger le service politique de Paris-Match. Prétextant qu'elle avait sauvé les meubles puisque tout avait été fait pour éviter que les médias Bolloré puissent intervenir, Ferrari a remisé Sonia Mabrouk au rang de figurante ... ça c'est pour la guéguerre interne. S'en est suivi un déluge de félicitations pour avoir bousculé l'établissement des convenances, en ne soulignant évidemment pas l'outrance du procédé et des propos : les C-News sont toujours prompts à donner des leçons de savoir-vivre aux immigrés mais jamais à se les appliquer à eux-mêmes. La suffisance est une forme de résistance, Christine Kelly l'avait déjà largement démontré.

Mais comme il ne fallait pas s'arrêter là, il fallait continuer à faire mousser la micro dose de savon, l'ami Pascal Praud jamais avare d'une posture et d'une imposture s'en est chargé le lendemain en fournissant à Laurence Ferrari l'opportunité de continuer à déverser sa bile au seul motif que Macron l'avait remise un peu à sa place et légèrement snobée. On ne s'attaque pas au monument du journalisme de la sorte ! Et elle y est allée d'autojustifications d'intégrité, d'audaces [qu'elle oublie d'avoir à l'endroit des abominables lézards d'extrême-droite qu'elle reçoit avec complaisance sur ses plateaux], de neutralité [oui oui, on est chez Bolloré, on peut dire n'importe quoi] et même de porte-parolat de ce que les gens pensent vraiment ... dixit celle qui vit dans les beaux quartiers parisiens où le prix du mètre carré représente plusieurs mois de salaire de celles et ceux dont elle se proclame l'interprète passionnée et dévouée.

A bien l'écouter dégueuler toute sa frustration et sa rancœur d'être assimilée à une journaliste de bas étage qui n'aurait pas les mains bien propres, Ferrari s'emporte et devient militante, éditorialise à outrance en confondant des partitions qui ne ressortent plus vraiment des principes déontologiques. On avait déjà eu confirmation de telles sorties de route quand elle interrogeait avec pugnacité Eric Zemmour, ses yeux de biche n'en pouvant plus de papillonner [c'est d'ailleurs un révélateur sur C-News ... on met Zemmour en face et d'un seul coup, ils deviennent dociles et gluants]. Certains iront jusqu'à dire qu'il y aurait du parti pris, c'est faux : c'est du populisme militant dans toute sa splendeur. Et ça, ça gagne des téléspectateurs tous les jours au point que la chaîne sera prochainement devant sa rivale BFM-TV pourtant loin d'être une enfant de chœur. Mais le meilleur allié de C-News et Bolloré, c'est le melon de Fogiel qui, décidemment, ne sait rien faire d'autre que de gâcher ce qu'on lui confie ou piquer les idées des autres. Gare à C-News, Fogiel pourrait bien reprendre la martingale des déversoirs haineux de la chaîne du Groupe Canal+, dopée à la désinformation, aux bavardages affligeants et aux prismes séditieux. Ferrari ne l'a toujours pas compris mais elle n'est plus vraiment journaliste : elle fait partie de la clique des revanchards condescendants qui sont prêts à tout pour assurer la pérennité d'un fonds de commerce nauséabond qui n'est plus autre chose que leur dernière planche de salut avant de basculer chez Minute ou d'autres officines d'extrême-droite. Du coup, elle s'y accroche, surjoue et feint de ne pas voir qu'elle est plus proche de Philippe Henriot que de Pulitzer : elle est devenue, pour le journalisme, ce que Cyril Hanouna est au divertissement, gênante.

Tto, tellement pas surpris