Cette nuit, elle a rêvé de lui. Il avait beaucoup maigri. Ses joues s'étaient creusées derrière sa barbe de trois jours. Il souriait faiblement, mais elle l'avait regardé avec bonheur. Elle s'était assise sur ses genoux. Elle avait caressé ses cheveux et ses joues, encore et encore. Elle l'avait embrassé. Elle s'était blottie contre son épaule. Et surtout, elle ne l'avait pas quitté une seule seconde de peur de le voir s'évanouir. Ah, la joie de le toucher, de lui parler, de le sentir !
Comme le réveil a été dur. Comme il est difficile de vivre dans l'arrachement. Comme le coeur bat mal quand il est déchiré. Comme les larmes brûlent quand elles viennent directement du coeur. Comme le soleil brille mal quand la mort est à côté de nous. Comme la nature est laide quand elle ment. Rentrez sous terre roses, tulipes et camélias ! Montrez-vous ronciers et mauvaises herbes ! Et vous les oiseaux, taisez-vous ! Il ne vous entend pas, il ne vous voit pas, il ne vous sent pas.