Disons le franchement, cette démarche nous paraît à la fois hypocrite et absurde. Elle revient à considérer que les deux partis exclus du « pacte » sont hors du champ de la légitimité républicaine.
Or, concernant LFI, ce parti fut au centre d’une coalition unissant le PS, les Verts et le PCF aux législatives de juin. Le considérer comme appartenant au camp du mal tandis que ses alliés relèveraient potentiellement de celui du bien est absurde: ils doivent tous leur élection à un accord électoral: la justification même de leur présence à l’Assemblée est leur union intrinsèque. La frontière entre le bien et du mal ne saurait logiquement passer entre eux.
Quant au RN, son exclusion du champ républicain ne tient pas non plus la route: le 20 janvier dernier, M. Attal recevait en grande pompe à Matignon le président du RN, M. Bardella et les deux s’affichaient, joviaux, souriants, amicaux, devant les caméras de télévision. Puis pendant le scrutin européen, le même M. Attal, premier ministre, accordait au président du RN l’insigne privilège d’un débat télévisé à deux. Si le RN était infréquentable, il ne fallait pas le fréquenter, il ne fallait pas fréquenter son président et encore moins le sublimer médiatiquement – avant de l’écarter du champ républicain.
Par ailleurs, la démarche excluante est contre-productive: dans le climat de défiance des Français envers les politiques, le statut de paria de la classe politique est toujours le meilleur des cadeaux qu’on puisse offrir à un parti de gauche ou de droite. Les responsables politiques actuels n’ont toujours pas compris cela depuis un demi siècle…Franchement, c’est une affaire de QI (quotient intellectuel).
Quand même, cette démarche a un sens. Le macronisme a consisté, depuis le début, en vertu de la sublimation d’un Jupiter, à briser les piliers traditionnels de la politique française: clivage droite-gauche, majorité présidentielle, Parlement constamment ridiculisé (avec l’état d’urgence sanitaire, art 49-3, dissolution), notion de gouvernement balayée (la France sans gouvernement depuis un mois).
Alors, laborieusement, les macronistes tentent aujourd’hui de reconstruire quelque chose sur leurs propres m… ruines (restons polis) en fondant une vaste coalition centrale délimitée, à droite comme à gauche, par deux épouvantails. Au plus profond du nihilisme, et l’absence de toute idée et tout projet, restaurer une sorte de cohésion centrale fondée sur la négation de deux pestiférés.
Mais cela revient à condamner au néant environ un tiers de la représentation parlementaire (77+160) ou encore 40% de l’électorat, considéré, à travers ses représentants qu’il a élus, comme non républicain, hors la République, CAD nul et non avenu, inexistant. Or, cet électorat, nous le savons par les sondages, est plutôt (pas entièrement) un électorat populaire et défavorisé socialement. Donc, la logique de M. Attal et M. Séjourné se rapproche de celle d’Adolphe Thiers qui en 1851, excluait les pauvres, qualifiés de « vile multitude » du suffrage universel.
Pauvres, donc incapables d’un vote éclairé…
Au fond sous la bannière des prétendues valeurs républicaines, tout cela revient à cracher au visage de la démocratie…
Maxime Tandonnet
Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d’histoire…
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***Ce «pacte d’action pour les Français», en partie dévoilé fin juillet et finalisé mardi, s’articule autour de «six priorités»: rétablissement des comptes publics, défense de la laïcité et des institutions, pouvoir d’achat et logement, environnement, sécurité et service publics.
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Riposte Médiatique N°60