Magazine Humeur

PS, je t’aime moi non plus

Publié le 26 août 2008 par Bo

Jaures

Je me suis toujours demandé si la musique n’était pas l’exemple unique de ce qu’aurait pu être, s’il n’y avait pas eu “l’invention” du langage, la formation des mots et l’analyse des idées, la communication des âmes. Je m’exprime souvent en musique, c’est un “langage” universel. Les paroles des chansons le sont également !

Je pourris Camarade 
De vivre sans comprendre
De n’être sûr de rien
Sur ces chemins de cendres
A tendre encore une main

A quinze ans Camarade
On parlait de l’amour
Le Dimanche muet
Au visage tendu
Nous attendions le jour

Je pourris Camarade
De n’avoir d’un enfant
Su garder que les pleurs
Et d’avoir oublié
Comment naissait la peur

Et plus tard Camarade
Dans la ville bombardée
Silencieux et rageurs
Les soldats de minuit
Couraient après la vie
Dans la ville bombardée

Je pourris Camarade
De n’avoir pu choisir
Sous quel drapeau marcher
Et d’avoir voulu croire
Que rien ne changerait
Que rien ne changerait

Tu m’aimais Camarade
Mais j’ai su oublier
L’odeur de tes cheveux
Que gardes-tu de moi
Moi qui brûle sans feu ?

Je pourris Camarade
D’avoir fait du mépris
Un bijou à mon coeur
A des marchands d’oubli
Avoir vendu tes pleurs

Et ton nom Camarade
J’ai voulu l’humilier
Ton amour Camarade
J’ai voulu l’effacer
Homme fou à lier
J’ai voulu t’humilier
L’amitié Camarade

Je m’en veux Camarade
De n’avoir su quoi dire
Devant le jour qui vient
Au bordel du désir
N’avoir été qu’un chien

Je pourris Camarade
De ce doigt qui menace
C’est la mort qui s’ennuie
Ce n’est rien le temps passe
Que m’importe la nuit !

Quand un jour Camarade
Dans Paris déchiré
Les veines caillées de sang
Les soldats de minuit
Couraient après la vie
Dans la ville bombardée

Je pourris Camarade
De ce coeur qui s’arrête
Quand derrière les volets
Au sommet de l’été
Se cache l’obscurité

Mais ce soir Camarade
Au-dessus de la terre
Je suis seul Camarade
Si seul parmi les pierres

Et pour moi Camarade
Ni de jour ni de nuit
A quoi bon répéter
Qu’il fait plus noir que noir ?
De l’ombre du passé
Garde les yeux fermés
Au bal des naufragés
Devant toi Camarade
Plus mort qu’un danseur mort
Je pourris Camarade
Camarade, Camarade, Camarade

Jean Guidoni


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