<<Poésie d'un jour
6
Je lève la tête, et tu es là,
ton être entier en un regard :
Au milieu des rides, éclate
un iris taché de rosée…
7
Quand nuitamment nous vient la voix d’un être cher
depuis longtemps parti, s’ouvre en nous une voie vive,
Voie de l’âme, voie des larme, source d’un courant
nous conduisant en secret jusqu’à l’Autre-Rive.
8
Nous sortirons de l’errance ;
tout n’est plus que retrouvailles.
Au bout des allées : mésanges !
et le long de l’étang : cailles !
9
La mort n’efface rien ; Orphée persistera
A se retourner, tirant de l’ombre l’aimée
Le Vide-médian tournera le tout en chant,
Et le corps déchiré en souffle résonnant.
95
Être ici les yeux ouverts et le cœur battant
fût-ce le temps d’un éclair,
L’univers n’est plus là pour rien. Cet instant nôtre
vaut en durée l’éternité.
96
Non cycle mais cercle, on avance en ondes concentriques ;
Non rectiligne mais spirale, on s’élève de sphère en sphère.
Tout astre suit une orbite, nulle vie n’est à part,
Dans la longue lignée, on ne succède pas, on rejoint.
François Cheng, Suite Orphique, 99 quatrains, Postface de Daniel Henri Pageaux, Gallimard 2024, pp.16,17,18,19,114,115.
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F R A N Ç O I S C H E N G
Source
■ François Cheng
sur Terres de femmes ▼
→Enfin le royaume, quatrains, Éditions Gallimard, Collection blanche, 2018
→ L’appel de la mer
→ Longtemps à longer cette eau sans âge
→ [Oui, nous suivrons le sentier]
→ Rose d’indigo
→ [Suivre le poisson, suivre l’oiseau]
→ Tango toscan
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site de l'Académie française) une bio-bibliographie de François Cheng