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Michel Diaz / Traverser l’obscur

Publié le 11 septembre 2024 par Angèle Paoli

<<Poésie d'un jour

                                               

                                                                               

Pizarnik

                                                                       

                                                                                 

Portrait de Alejandra Pizarnik par  => Guidu Antonietti di Cinarca 

  À Alejandra Pizarnik

Tu es née sur un signe de la lumière qui partage
toujours avec nous tes moissons, une lumière de feu
triste où le jour se consume, celle-là qui furtivement
s’apitoie, au pied des murs blessés, sur les pauvres
herbes qui s’opiniâtrent

parfois ton corps s’éclaire de l’intérieur et souvent
s’obscurcit comme fume une lampe, sans cesser de
parler la langue silencieuse en mots qui viennent de
si loin, patiemment tracés à la craie sur le tableau
noir de tes veilles

chuchotant toujours la question : où trouver le lieu du
passage, le cœur même de ton désir, ce désir dont
personne n’a la couleur ?

                                  *

Tu ne fus qu’illicite incursion, ailée de vents contraires
mais sans supplications adressées aux dieux sourds qui
hantent la pénombre, une aveugle incursion qui ne
fut rien que vilain temps aux vitres froides de l‘enfance

depuis lors, tu ne sus jamais regarder le soleil fixe-
ment, chaque nuit s’achevant en lagune dans les
radoubs de l’aube

Tu luttais pourtant à lèvres blessées contre la fatalité
des bourrasques, les portes qui battaient au vent, et la
caravane indigente des rêves t’enseigna peu à peu à
pétrir le pain de ta parole – qui avait goût de cendre,
la soupe de tes soirs la lenteur du silence et des
larmes, et souvent tes mains frissonnaient dans l’eau
grise du temps

                                        *

Il ne suffisait pourtant pas d’épeler son feuillage pour
sentir le vent vert féconder l’olivier, ni d’emprunter
leurs bracelets aux pluies pour mûrir dans la chair
des saisons

Un seul fil d’amitié te rattachait au monde, un fil ténu,
ténu mais opiniâtre que la soif séchait à tes joues…

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Michel Diaz, Traverser l’obscur, Poésie, Préface de Jean-Louis Bernard, Couverture &illustrations : photographies© Marie-Pierre Forrat,

Éditions Musimot, 2024


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M I C H E L       D I A Z
Michel Diaz portrait
Source
■ Michel Diaz
sur Terres de femmes ▼
Sous l’étoile du jour, Préface d’Alain Freixe, Rosa canina éditions,2023
→ Comme un chemin qui s’ouvre (lecture d’AP)
→ clair-obscur (extrait de Lignes de crête)
→ [de tourbe] (extrait d’Offrandes Olivia Rolde)
→ Le Verger abandonné (lecture d’AP ) 
→ Michel Diaz | Sous l’étoile du jour  (Lecture d’Alain Freixe) 


■ Voir aussi ▼
→ (sur le site de L’Amourier éditions) la fiche de l’éditeur sur Comme un chemin qui s’ouvre
→ le site de Michel Diaz
■ Notes de lecture de Michel Diaz
sur Terres de femmes ▼
→ Jeanne Bastide, La nuit déborde
→ Alain Freixe, Contre le désert
→ Françoise Oriot, À un jour de la source


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